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ARLES


ET


LE TYRAN CONSTANTIN


UNE PAGE DE L'HISTOIRE DE NOS PERES.




PREMIERE PARTIE.





Si come ad Arli, ove’l Rodano stagnia,
Fanno I sepolcri tutto ’l loco varo…
(Infern. IX, V. 112)


Ces vers se sont présentés à ma mémoire, toutes les fois que j’ai traversé les champs de la Crau. Dante a raison : Arles et sa campagne sont un vaste sépulcre où gisent les décris d’une des plus grâces époques qui ait passé sur le monde. C’est là, entre ces rochers et le Rhône, entre cet amphithéâtre qui semble défier les âges et cette nécropole hérissée de tombes, dont l’image poursuivait Dante à travers les cercles de son enfer, — c’est là qu’au Ve siècle s’éteignit la domination romaine, déjà disparue de l’Italie. Elle avait pris naissance en Gaule, non loin de là, dans les murs de Narbonne et d’Aix. Comme le sang reflue au cœur d’un mourant, elle revenait finir près de son berceau.

Ce n’est point à Rome qu’il faut aller méditer sur la destinée des empires. La ville éternelle ne sait point mourir. À la Rome de Mars a succédé la Rome de saint Pierre, à la cité des consuls et des empereurs celle des papes, au siècle d’Auguste et des Antonins celui de Léon X. Chaque époque brillante y a laissé son empreinte, chaque grandeur sa ruine, et dans cette confusion de monumens et de