Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir besoin d’être étayée au moins de quelque semblant de preuves ? -mais elle est tout simplement énoncée comme un fait avéré, sans qu’il soit même question ni des opinions contraires, ni de cette masse de renseignemens déjà recueillis qui tous montrent dans l’Amérique une terre comparativement nouvelle et récemment peuplée, qui tous tendent à démontrer que, loin d’envoyer à l’ancien monde des hordes conquérantes, l’Amérique a reçu de celui-ci les habitans assez rares qu’on rencontra chez elle au moment de la découverte.

Quoi qu’il en soit, la race jaune, arrivant par le nord-est, se dirigea d’abord au sud-ouest, et alla, toujours au dire de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, se heurter contre les hauts plateaux de l’Asie, occupés alors par la race blanche. Celle-ci résista d’abord, et le flot d’envahisseurs se partagea en deux courans. L’un descendit au sud, et, par son mélange avec les noirs, donna naissance aux populations malaises et polynésiennes ; l’autre, suivant les côtes de la Mer-Glaciale, atteignit, sans rien perdre de sa pureté, le continent européen et le peupla en entier jusqu’au fond de l’Espagne et de l’Italie. Bientôt cependant le nombre l’emporta sur l’intelligence, le courage et la supériorité physique individuelle. Les blancs, ébranlés, reculèrent et commencèrent ces grandes migrations qui allèrent partout conquérir et régénérer le monde. À ce moment naît l’histoire et apparaissent les empires d’où sortent les civilisations ; celles-ci se sont succédé au nombre de dix seulement, savoir : les civilisations assyrienne, indienne, égyptienne, chinoise, grecque, italique, germanique, alléghanienne, mexicaine et péruvienne.

M. de Gobineau rattache médiatement ou immédiatement toutes ces civilisations à deux courans principaux de populations blanches qui, partis du même point, divergèrent dans trois directions principales. Du premier proviennent les peuples chamo-sémitiques, qui fondèrent la civilisation assyrienne ; le second comprend les populations aryanes, qui, à elles seules, ont envahi et civilisé presque tout l’univers. Les Aryans proprement dits descendirent dans l’Inde, et de ce grand tronc se détachèrent d’abord les Aryans-Iraniens, qui allèrent continuer l’œuvre des Sémites, et les Aryans-Hellènes, qui devaient subjuguer un jour leurs frères aînés. Puis partirent de l’Inde des colonies, déjà quelque peu altérées, qui allèrent civiliser, en Chine, les hommes jaunes presque purs ; en Égypte, les hommes noirs et les Chamites, profondément mélanisés. Enfin du grand tronc aryan sont encore sortis plus tard les Germains, fondateurs de la civilisation moderne. Les trois civilisations américaines ne sont que la faible expression de quelques relations incomplètes ou passagères entre l’ancien et le nouveau monde. Quant à la civilisation italique ou romaine, nous verrons plus loin ce qu’en pense l’auteur.

Les premiers mélanges de races accomplis aux bords du Tigre et