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des Macédoniens à l’époque de Philippe et d’Alexandre ; mais bientôt les conquêtes mêmes de ce dernier dispersèrent les dernières gouttes du sang aryan. Au milieu des races mélanisées de l’Asie et de l’Afrique, les civilisations grecque, persane, sémitique et égyptienne se fondirent en une sorte d’état bâtard sans caractère propre, incapable de rien produire de bon ou de beau, et la dégradation générale fit de rapides progrès.

Si l’on accorde à M. de Gobineau ses Pélasges-Mongols et ses Grecs-Aryans, si l’on néglige l’empire des Séleucides, et surtout celui des Lagides, si l’on prend pour unique terme de comparaison le siècle de Périclès, on pourra se trouver à peu près d’accord avec lui. L’histoire de la Grèce est certainement celle qui se prête le mieux à l’application de sa doctrine. Il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit de l’Europe occidentale et de Rome. Ici les faits, un peu mieux connus, le dominaient davantage, et, quoiqu’il ait laissé encore une assez large part à l’hypothèse, il n’a pu les empêcher de conclure péremptoirement contre lui.

Et d’abord quels ont été les premiers habitans de l’Europe ? On a vu déjà comment M. de Gobineau répond à cette question. Pour lui, ce ne sont plus seulement les Finnois, ce sont les représentans purs ou presque purs de la race jaune qui ont précédé tous les peuples européens dont parle l’histoire. À l’appui de cette opinion, il invoque des considérations tirées de plusieurs ordres de faits et attache surtout une grande importance aux ressemblances, fort curieuses en effet, qu’offrent entre eux certains instrumens, ustensiles ou monumens primitifs, observés en Europe, dans l’Asie septentrionale, et jusqu’en Amérique. De ces rapports entre des industries élémentaires, il conclut à l’unité de la race qui les exerçait, et naturellement il adopte, mais en les poussant jusque dans leurs dernières conséquences, les idées des antiquaires Scandinaves sur les populations de l’âge de pierre. Les objections adressées à ses ingénieux devanciers s’appliquent également à lui, et bien plus encore ; mais je crois inutile d’entrer ici dans une discussion où j’ai été précédé par de plus habiles. Je me bornerai donc à dire que l’interprétation donnée des mêmes faits par M. Maury me semble à la fois plus simple et plus naturelle. Des populations également sauvages, disposant de matériaux semblables, ont nécessairement dû se rencontrer dans les moyens de satisfaire à des besoins identiques. Pour expliquer ce résultat, il n’est pas nécessaire de supposer qu’elles appartenaient à la même race.

À ce fond exclusivement jaune, l’auteur de l’Essai ajoute divers peuples blancs, déjà profondément altérés, et qui, par leur croisement avec les premiers habitans du pays, ne tardèrent pas à s’abaisser. Parmi ces nouveau-venus, il compte entre autres les Slaves, les