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duire. Que le gouvernement cherche les moyens de suffire aux charges publiques, rien n’est plus simple assurément. Au fond, ce qu’il y a de plus grave peut-être, c’est cette nécessité de recourir, pour la marche régulière des budgets, à des créations d’impôts qui semblent habituellement réservées pour les circonstances extraordinaires. C’est là aussi ce qui fait l’importance de cette question, en apparence purement financière.

La surface des choses est calme sans doute aujourd’hui en France ; la vivacité des luttes politiques s’est émoussée. Est-ce à dire qu’il n’y ait absolument aucun travail, aucune préoccupation intime, ou que tout se résume dans des questions matérielles et financières ? De ce mouvement même des choses matérielles, il se dégage parfois des révélations instructives, comme aussi il est des questions qui touchent de plus près, à des intérêts de l’ordre le plus élevé. On n’en est point à le remarquer, les affaires religieuses ont pris depuis quelques années dans les luttes et les polémiques de tous les jours une place qu’elles n’avaient pas, qui était tout entière aux querelles des partis. De là des incidens assez fréquens où des prélats ont été quelquefois mêlés. Aujourd’hui c’est M. de Dreux-Brézé, évêque de Moulins, qui se trouve mis en cause pour des actes dont on ne peut dissimuler la gravité, puisqu’il y a un appel comme d’abus porté devant le conseil d’état. Rien n’est plus délicat, sans contredit, que tout ce qui a trait aux rapports entre les chefs supérieurs de l’église et le clergé inférieur. Le mieux reçoit de s’en occuper le moins possible. Il y a cependant, une limite à cette réserve, c’est lorsque certains actes vont au-delà des lois consacrées. M. l’évêque de Moulins, pour tout dire, est accusé notamment d’exiger des curés inamovibles qu’il institue une sorte de démission anticipée, afin d’éluder les dispositions du concordat qui garantissent civilement l’inamovibilité. Les plaintes qui se sont élevées et qui ont trouvé un certain écho sont-elles fondées ? Il paraît bien clair qu’il y a une sorte d’engagement de la part des curés au moment de leur nomination, et dans ce cas le plus simple eût été de produire cet engagement même. Le conseil d’état est saisi aujourd’hui de la question, et il n’est point douteux que l’autorité du concordat prévaudra, si elle a été méconnue. Pourquoi d’ailleurs le clergé chercherait-il à méconnaître et à diminuer la valeur du concordat ? En réalité, il agirait contre lui-même et contre la société. Quelle a été en effet l’influence de cette grande ; transaction entre le pouvoir religieux et le pouvoir civil ? Depuis que le concordat existe en France, la paix s’est faite, et n’a cessé de régner. Les conflits entre l’église et l’état ont été peu nombreux. La religion a retrouvé son empire. Qu’on observe au contraire les pays soumis à une autre loi : les luttes, les froissemens sont incessans, les rapports sont laborieux. Il y a toujours un pouvoir qui opprime ou qui est opprimé. L’esprit de modération qui a présidé au concordat a produit en France le respect mutuel dans l’indépendance des deux pouvoirs. C’est un résultat assez considérable pour qu’on doive y tenir.

Depuis quelque temps, on parlait moins de l’Italie en Angleterre comme en France. Ce n’est pas qu’on fût absolument rassuré sur les conditions de cette malheureuse péninsule, où couvent toujours mille passions généreuses mêlées à des aspirations insensées ou coupables ; mais le vent n’était pas aux excitations, l’émotion née à la suite du congrès de Paris commençait à s’apaiser. On cherchait plutôt comment pourrait s’aplanir ce différend qui a