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pour vaincre la résistance du gouvernement mexicain, ou suppléer à son impuissance dans la protection de la vie et des propriétés des sujets espagnols. Seulement rien n’est résolu par cette occupation : c’est ici que commence au contraire peut-être un danger d’une autre nature qui touche aux intérêts de tous les pays et à l’équilibre même du Nouveau-Monde. Une guerre déclarée par l’Espagne peut livrer le Mexique aux États-Unis. Déjà le bruit a couru d’un traité signé entre les agens de l’Union et la république mexicaine. Plusieurs fois depuis quelque temps on a parlé de ces arrangemens en vertu desquels les États-Unis fourniraient au Mexique une assez forte somme, tantôt pour la cession de l’isthme de Tehuantepec, tantôt pour la cession de la Sonora et de la Basse-Californie, tantôt enfin avec une garantie sur les biens du clergé. Rien ne prouve encore qu’un traité semblable ait été signé. Une seule chose est certaine, c’est que les États-Unis épient l’occasion et ne la laisseront pas échapper. Le Mexique est l’éternel objet de leurs convoitises, et c’est leur politique de seconder toutes les résistances aux puissances européennes. Il n’est point douteux que l’agent américain à Mexico, M. Forsyth, a déjà cherché à exploiter la querelle avec l’Espagne, et de son côté le gouvernement mexicain n’est point malheureusement éloigné d’écouter ces suggestions. Le président, M. Comonfort, se rassurait récemment, dit-on, en songeant qu’il trouverait toujours vingt-cinq ou trente millions de dollars aux États-Unis pour résister, si on le poussait à bout. Ce que serait un pareil traité, il est facile de le pressentir : le Mexique n’existerait plus ; il existe à peine aujourd’hui, tant la dissolution est universelle. Il n’y a surtout un fait remarquable et terrible, c’est le déchaînement constant de l’élément sauvage : les Indiens saccagent les villes, tandis que les insurrections se multiplient dans d’autres parties du pays, et le gouvernement envoie des généraux qui attendent eux-mêmes, en face des insurgés, l’heure de se prononcer. À Tépic, l’agent consulaire britannique a été récemment dévalisé par les chefs d’un pronunciamiento ; on lui a pris plus de 200,000 piastres, et il pourrait bien naître de là une nouvelle querelle avec l’Angleterre au moment où un ancien démêlé vient d’être à peu près aplani. Ainsi, avec son anarchie intérieure, avec des menaces de conflits de toute sorte, et avec le dangereux appui des États-Unis, le Mexique se trouve exposé à une lutte où son indépendance achèverait de disparaître. C’est là le germe d’événemens qui commencent, et qui, s’ils peuvent être conjurés encore, sont du moins de nature à intéresser l’Europe, si souvent distraite par de plus futiles querelles. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.
LES HÉRITIERS DE SILVIO PELLICO.
I. Spilbergo e Gradisca, scène del carcere duro in Austria, estratte dalle Memorie di Giorgio Pallavicino, Turin 1856. — II. The Austrian Dungeons in Italy, a narrative of fifteen months’ imprisonnent and final escape from the fortress of S. Giorgio, by Felice Orsini, translaled from the unpublished manuscript, by J. Meriton White, Londres 1856.

Sans être un écrivain de premier ordre, Silvio Pellico a eu la bonne fortune bien rare d’être rangé de son vivant parmi les classiques et de se voir