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ont du moins une certitude suffisante pour qu’on puisse asseoir une opinion.

Il existe d’ailleurs un moyen de comparaison excellent : c’est le tableau annuel des naissances et des décès d’après les registres de l’état civil. À chaque dénombrement, il y a un écart sensible entre le résultat du dénombrement même et celui des naissances et des décès ; mais cet écart, qui s’explique par l’excédant de l’émigration sur l’immigration, va toujours se réduisant, et bien que des oscillations assez marquées aient eu lieu antérieurement, on peut dire qu’aujourd’hui la différence entre les naissances et les décès, accrue de l’émigration probable, coïncide, à quelques milliers près, avec les dénombremens. Ainsi, d’après les registres de l’état civil depuis un demi-siècle, la population en 1851 aurait dû être de 35,922,000 âmes ; le recensement a donné 35,783,000 : différence, 139,000 âmes seulement en cinquante ans. L’excédant de l’émigration sur l’immigration suffit parfaitement pour remplir ce vide. Être arrivé là, c’est être bien près d’une précision mathématique.

Depuis 1851, la même correspondance se retrouve. Voici en effet le tableau annuel des naissances et des décès depuis cette année :


Naissances Décès
1851 969,000 837,000
1852 965,000 812,000
1853 937,000 795,000
1854[1] 883,000 954,000
Totaux 3,754,000 3,398,000

Excédant des naissances sur les décès : 356,000

Nous n’avons pas encore tous les chiffres de 1855, mais nous savons déjà, par les départemens dont les relevés sont connus, que cette année se soldera comme la précédente par un excédant notable de mortalité. Il suffit que cet excédant soit de 100,000 pour ramener l’accroissement de population en cinq ans à 256,000, chiffre donné par le recensement, même sans tenir aucun compte de l’émigration. Ce calcul n’est pas et ne peut pas être d’une exactitude rigoureuse, parce que le recensement, étant fait au mois de juin, comprend les six derniers mois de 1851 et les six premiers de 1856, tandis que les relevés de l’état civil se donnent par année ; mais on voit que l’erreur, s’il y en a une, ne peut jamais être bien considérable.

Quelques personnes ont soupçonné que la portion de l’armée d’Orient qui n’était pas encore rentrée en France au 15 mai 1856,

  1. On n’a encore pour cette année que les relevés de quatre-vingt-trois départemens, mais les trois départemens qui nous manquent ne peuvent pas amener de différences importantes.