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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/529

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que s’il ne réussissait pas à accomplir l’objet de sa mission, les États-Unis enverraient probablement une nouvelle escadre, plus nombreuse, pour obtenir le redressement des griefs qu’ils avaient à faire valoir contre le Japon ; mais, ajouta-t-il, j’espère bien que nous ne tarderons pas à nous entendre, et alors je m’empresserai d’envoyer aux États-Unis deux de mes navires pour empêcher que l’on n’en fasse partir d’autres qui devaient me rejoindre. Cet argument allait droit au cœur des plénipotentiaires. Le commodore leur remit ensuite une note, accompagnée d’un exemplaire du traité conclu avec la Chine. Je reproduis cette note, datée du 8 mars 1854.


« L’ambassadeur américain apprend avec satisfaction que le gouvernement japonais est disposé à conclure un arrangement amical avec les États-Unis. En ce cas, il serait beaucoup plus avantageux pour les deux pays, et particulièrement pour le Japon, qu’un traité fût conclu, même à court terme, parce que les citoyens et sujets des deux parties contractantes se trouveraient légalement tenus de se conformer aux stipulations de ce traité, ce qui préviendrait les malentendus et les discussions.

« C’est ce qui se pratique dans tous les pays, et telle est aujourd’hui la condition du monde, que les traités sont devenus nécessaires pour éviter les dissentimens et la guerre. L’obligation de respecter ces contrats est imposée non-seulement par des considérations d’honneur, mais encore par l’intérêt de la paix et de la prospérité de chaque pays. Sans les traités, les nations de l’Occident ne pourraient conserver entre elles de relations amicales.

« Bien que nous ayons dans l’escadre d’abondantes provisions de vivres, nous désirerions avoir chaque jour de la viande fraîche, des légumes, etc., et nous paierions les prix qui nous seraient demandés. Il nous serait également nécessaire d’obtenir du bois et de l’eau, et nous serions reconnaissant qu’on nous en fournît. La santé des officiers et de l’équipage exige qu’ils puissent descendre à terre. Jusqu’ici, par respect pour les lois japonaises, j’ai tenu la main à ce que personne ne débarquât, si ce n’est pour le service, mais j’ai la confiance que nous pourrons nous entendre pour autoriser quelques excursions dans le voisinage.

« Nous avons l’intention d’offrir au gouvernement impérial la copie des travaux hydrographiques auxquels se livrent nos officiers.

« Pour rendre ces travaux plus parfaits, nous aurions besoin de planter sur quelques points du rivage des poteaux destinés à mesurer les angles ; on demande donc que les officiers qui débarqueront à cet effet ne soient pas inquiétés.

« On pense que les négociations à intervenir seraient plus faciles, si les questions et réponses auxquelles elles donneront lieu étaient consignées par écrit.

« M. C. PERRY. »


En même temps que cette note, le commodore remit au prince Hayaschi une longue lettre qu’il avait écrite le 1er mars à bord du