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ÉTUDES
SUR
L’INDE ANCIENNE ET MODERNE



IV.
LES HÉROS PIEUX. — LES PANDAVAS.


I.

Si vous demandez aux habitans de la presqu’île de l’Inde qui a creusé les grottes d’Éléphanta et de Salsette, ils vous répondront : Les fils de Pândou. C’est encore à ces héros des anciens âges que la tradition attribue les magnifiques sculptures des temples souterrains d’Ellora, et tant d’autres débris d’un art puissant et grandiose dont les générations présentes ont depuis longtemps perdu le secret. On essaierait vainement de faire comprendre aux Hindous que les princes fameux dont le Mahâbhârata retrace les malheurs et les vaillantes actions n’ont pu prendre aucune part à l’exécution de ces travaux, puisqu’ils n’ont jamais pénétré jusqu’à la presqu’île. Dans l’imagination de ces peuples naïfs, la vue des grands monumens éveille le souvenir des grands noms de l’antiquité. Il leur semble tout naturel que les héros dont la gloire a rayonné si vivement à travers l’Inde entière y aient laissé partout leur empreinte.

Après Râma en effet, ce sont les Pândavas, ou fils de Pândou, qui tiennent le premier rang dans l’histoire de l’Inde, et leurs noms se retrouvent à toutes les pages de la littérature brahmanique. Ils apparaissent, dans un lointain fort reculé, comme des demi-dieux, comme des guerriers accomplis, amis de la justice, chéris des brahmanes et passés maîtres dans la pratique des armes ; mais ils sont