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LA


PHILOLOGIE COMPAREE


SES PRINCIPES ET SES APPLICATIONS NOUVELLES.





I. Die Ungleichheit menschlicher Rassen hanptsœchlich vom sprachwissenschaftlichen Standpunkte, von A. Pott ; in-8o, Detmold 1856. — II. Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung auf dem Gebiete des deutschen, griechischen und lateinischen, herausgegeben von Dr Adalbert Kuhn, Berlin 1850-56. — III. Ethnology of the Indo-Pacific Islands, par J. R. Logan dans le Journal of Indian Archipelago, Singapore, 1850-55.





Une science nouvelle a pris place de nos jours entre la psychologie et l’ethnologie : cette science est la philologie comparée, que l’on pourrait appeler la physiologie du langage. Ce que peut avoir de fécond le procédé de la comparaison appliqué à certaines études s’est rarement mieux révélé que dans les rapides progrès accomplis par la science des langues à partir du jour où, ne bornant plus son effort à faire passer d’un idiome dans un autre un discours ou un ouvrage, elle a rapproché les procédés et les mots des divers idiomes, interrogé les grammaires, non pour en appliquer les règles, mais pour en analyser le génie, cherché enfin dans l’histoire du langage l’explication des origines ou du classement des sociétés humaines. La philologie comparée a pour but d’établir, par la comparaison des mots et des formes grammaticales, les lois de développement de la faculté qu’on nomme la parole, et, dans les divers modes d’application de ces lois, elle arrive à reconnaître sans peine l’âge d’une langue comme le degré de civilisation qu’elle représente. Avant notre époque, les phénomènes du langage ainsi envisagés avaient préoccupé sans doute certains esprits, mais des théories préconçues s’étaient opposées à ce qu’on pût saisir les choses avec leurs caractères naturels. Les uns croyaient retrouver dans les