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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1857.

Il est des peuples qui doivent à leur génie ou à leur fortune un tel rang dans le monde, que leurs affaires, même intérieures, ont naturellement une importance de premier ordre. Par la libre et énergique puissance de ses institutions aussi bien que par l’influence qu’elle exerce, l’Angleterre est un de ces pays dont chaque évolution peut avoir ses effets dans la politique générale, et c’est ce qui donne un sens particulier, plus que national, si l’on peut ainsi parler, à un mouvement électoral comme celui qui vient d’agiter pendant quelques jours le Royaume-Uni. Les élections anglaises sont aujourd’hui un fait entièrement accompli ; le scrutin a dit son dernier mot, non-seulement en Angleterre, mais en Écosse et en Irlande. Cette agitation d’un moment, qui Il pris un caractère de violence, notamment en certains districts irlandais, s’est évanouie, comme elle s’évanouit toujours après la lutte en Angleterre. Les partis en sont aujourd’hui à supputer leurs pertes ou leurs succès, à analyser et à décomposer les résultats de ce scrutin, à pressentir même les combinaisons futures qui pourront se produire dans le parlement renouvelé. Définitivement M. Bright, M. Cobden, M. Milner Gibson, ont bien été laissés en dehors de la chambre des communes. Sans plus attendre, M. Bright vient même d’adresser à ses anciens électeurs de Manchester un manifeste d’adieu. Un autre représentant du parti libéral, M. Layard, n’a pas été plus heureux et est resté sur le champ de bataille. D’un autre côté, il est vrai, quelques membres du cabinet ont disparu eux-mêmes dans la lutte, et de ce nombre est M. Peel, sous-secrétaire d’état de la guerre. Tout compte fait, il n’est point douteux qu’il est sorti de ces élections une majorité favorable au ministère, une majorité qui varie dans les différens calculs, selon l’intérêt qu’ont les journaux à la grossir ou à la diminuer, mais qui n’est pas moins réelle. Seulement, parmi les membres nouveaux de la chambre des communes, on en remarque un certain nombre qui, en se déclarant partisans du gouvernement, promettent à lord Palmerston ce qu’ils appellent un appui indépendant. Indépen-