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pittoresques assez rares en Russie; mais un spectacle encore plus curieux peut-être, c’est celui d’une multitude de 2 à 300,000 visiteurs de toutes les nations, de tous les costumes, de toutes les langues. La valeur totale des marchandises apportées en 1852 à Nijni-Novgorod est représentée par une somme de 258 millions; les marchandises russes y figuraient pour 197 millions, les provenances européennes pour 25, et celles d’Asie pour 36 millions. Parmi les marchandises russes, les tissus de coton, de laine, de fin et de chanvre comptaient pour plus de 74 millions; — le fer en barres et l’acier, le fer et l’acier ouvrés, le cuivre de première fusion, tant en planches qu’en feuilles, et les diverses fabrications métalliques, pour plus de 46 millions; — les pelleteries, cuirs bruts et ouvrés, pour près de 37 millions; — les articles alimentaires, sucre raffiné, sel, grains et farines, produits des pêcheries, vins et spiritueux, pour 24 millions; — le tabac, pour 3 millions 1/2; — le restant, en articles divers, pour 23 ou 24 millions. Parmi les marchandises européennes, les drogueries et les matières tinctoriales, dont une faible partie seulement arrivait de la Perse, comptaient pour 10 millions; — les vins, pour plus de 5 millions ; — les tissus de soie, de laine et de coton, comprenant des cotonnades anglaises unies, des batistes d’Ecosse, des indiennes de Mulhouse, etc., pour plus de 6 millions 1/2. Les marchandises asiatiques consistaient en fourrures, en tapis et en soies expédiés par la Perse, en pelleteries de Khiva et de Boukhara, en coton brut et filé de même origine, et en 42,000 caisses de thé, d’une valeur de 27 millions.

Ces détails donnent une idée des exigences de la consommation de la Russie; au commerce russe proprement dit il faut ajouter toutefois le commerce asiatique, encore modeste, mais favorisé par le gouvernement dans des vues politiques. Le chiffre total de ce commerce est de 80 à 100 millions : — 6 millions avec la Turquie d’Asie, 17 millions avec la Perse, 23 ou 24 millions avec Khiva, Boukhara, Khovan, Taschkend, villes tatares, et la steppe des Khirgiz. En général, la Russie exporte chez ces nations des cotonnades, des tissus en laine, des métaux ouvrés, etc., et reçoit des matières premières; pourtant la Perse fournit annuellement pour 7 millions de tissus de soie et de coton aux provinces caucasiennes, où la mode persane s’est conservée. Quant au commerce avec la Chine, il est de 50 millions environ; l’article presque unique de la Chine est le thé, qu’on porte à 25 ou 26 millions; elle prend l’équivalent en métaux ouvrés, en pelleteries et peaux préparées, en tissus de fin et de chanvre, en cotonnades et en draps qu’elle place en partie dans la Mongolie septentrionale. Ces échanges ont leur centre à Kiakta, à 6,000 kilomètres de Moscou; ils sont l’objet de la sollicitude du gouvernement. Le thé introduit par les caravanes en Russie est d’un prix plus élevé