rans commerciaux du pays, que les ports de Liebau et de Théodosie tiendront ouvert en toute saison. Traversant les régions industrielles et agricoles, elles feront un appel incessant aux facultés productives de l’empire. La Russie exporte 99 millions de kilogrammes de fin et de chanvre, 120 millions de kilogrammes de graines oléagineuses, 11 ou 12 millions de kilogrammes de laine, 60 millions de kilogrammes de suif, etc. Depuis dix ans, l’exportation des céréales a été, année moyenne, de 11 millions d’hectolitres, et en 1847 de 27 millions. Si dès à présent elle a de pareils excédans disponibles, que sera-ce quand la certitude des débouchés remplacera la nonchalance par le zèle, la routine par de bons procédés? Que sera-ce quand la fertilité de la terre noire, comparable à celle des terres vierges du Nouveau-Monde, sera énergiquement sollicitée? L’hectare ne rend que de 5 à 6 hectolitres de grains, c’est-à-dire moitié de ce qu’il rend en France, et la proportion est la même pour les autres cultures; que le rendement augmente, il y aura une surabondance de matières premières, produites à plus bas prix que partout ailleurs, qui primera les denrées similaires de l’Amérique du Nord, et une masse de céréales qui parera à nos crises alimentaires dans les années les plus stériles, qui fera fléchir nos mercuriales dans les années les plus fructueuses. On ignore à la fois tout ce que la Russie peut fournir de grains, et à quel taux réduit elle peut les livrer. Les ports de la Mer-Noire, qui en sont le principal débouché, ne laissent pas d’être éloignés de la zone centrale; si Taganrog reçoit une partie de ses expéditions par le Volga et le Don, Odessa et les autres ports ne reçoivent les leurs que par des voitures, d’une charge de 8 à 10 hectolitres, faisant le trajet en six semaines ou deux mois; la Crimée seulement voit défiler par Pérékop jusqu’à 300,000 de ces véhicules. Le surenchérissement qui résulte de ce mode de transport ne permet pas à l’Europe de se ressentir de la faveur du prix d’origine; mais lorsque les lignes de Théodosie et de Liebau prendront les céréales sur place pour les transporter en quelques jours sur les bâtimens de la Mer-Noire et de la Baltique, il en sera tout autrement. Serait-ce donc la Russie qui faciliterait la solution de la question des subsistances? Il est admis que les céréales, chose de première nécessité, devraient être produites en quantité et à bon marché; il est reconnu que le tarif du pain fait la hausse ou la baisse du tarif des autres denrées; on essaie de toutes les améliorations dans la culture, la récolte et la mouture des grains pour maintenir le régulateur au degré le plus bas. Quoi qu’on fasse pourtant, parviendra-t-on dans nos états européens à modifier les deux élémens constitutifs du coût des grains, la main-d’œuvre et le sol? Sur nos territoires limités, le champ des céréales est encore restreint par la place que récla-
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