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plusieurs allocutions dont les termes avaient été à coup sûr sérieusement pesés à l’avance et qui avaient une importante signification. Les journaux français n’ont donné que deux de ces harangues : il y en a quatre, et chacune mérite d’être connue. Voici d’ailleurs toute la scène. Les étudians étaient réunis dans la grande salle du château, au premier étage; la galerie voisine avait été préparée pour les personnages de la cour, les professeurs qui avaient accompagné les élèves, et les notables des trois pays que quelque titre universitaire avait fait adjoindre à la fête. Le roi Oscar porta le premier toast au roi de Danemark, Frédéric VII, et c’est dans ce premier discours qu’il plaça tout d’abord un chaleureux souvenir de la lutte soutenue naguère par le Danemark, non sans le secours des Suédois et des Norvégiens, contre l’Allemagne : « Le roi Frédéric VII et le peuple danois, dit-il, sont inséparables dans notre hommage; ils ont traversé ensemble des épreuves difficiles, mais ils ont puisé une force irrésistible dans leur union, dans la justice de leur cause, et le drapeau danois, que leurs ennemis voulaient renverser et fouler aux pieds, mais qui pour cela était trop vieux et trop bon, flotte aujourd’hui aussi fièrement et aussi majestueusement que par le passé ! »

Ces paroles n’étaient pas de nature à plaire à la Prusse, qui, dit-on, s’en plaignit. Après une réponse, faite au nom du peuple danois, M. C. Ploug, directeur du journal le plus important de Copenhague et l’un des chefs du parti libéral, prit la parole pour proposer un toast au roi Oscar au nom de tous les étudians. Son discours résumait avec sincérité et précision les traits principaux d’une royale figure qui fait honneur à son pays et à son temps. C’est à ces paroles que le roi Oscar répondit par un toast à la jeunesse scandinave : « Ils sont loin de nous, dit-il, ces temps où des préjugés déplorables et des intérêts mal entendus armaient les uns contre les autres les frères d’une même race! Alors des guerres malheureuses divisaient nos forces et augmentaient la puissance et l’orgueil de nos ennemis... Il ne reste plus de ces souvenirs que ce qui en est glorieux... » Voilà les deux harangues que la presse a fait connaître; mais, après les avoir prononcées, le roi se rendit à la grande salle où se trouvaient les étudians : là il voulut porter de nouveau la santé du roi de Danemark et de nouveau féliciter la jeunesse des universités. Les mêmes souvenirs auxquels il avait déjà fait allusion furent alors exprimés par lui une seconde fois en termes non moins précis ni moins significatifs. Il affirma que personne ne pouvait savoir aussi bien que lui, son allié et son ami, de quel dévouement Frédéric VII se sentait animé envers le Danemark. « Quant au peuple danois, continua-t-il, il est digne de tout notre respect. On croyait que l’in-