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tiplication inouïe des journaux n’est pas due uniquement au développement de la population et à sa dissémination sur un plus vaste territoire; le nombre des journaux continue de s’accroître dans les états anciens, et d’autant plus rapidement même que ces états étaient déjà mieux pourvus. Ainsi l’état de New-York, qui avait 245 journaux en 1842, en avait 460 en 1850. Pareil fait s’est produit dans la Pensylvanie, l’Ohio et le Massachusetts.

Le tableau suivant, résumé des statistiques publiées par ordre du congrès à la suite du recensement de 1850, permettra d’embrasser d’un coup d’œil le développement qu’avait atteint dès-lors la presse américaine :


Exemplaires par numéro Feuilles par an
Journaux quotidiens 350 à 750,000 ou 235,000,000
— paraissant trois fois par semaine. 150 75,000 11,700,000
— paraissant deux fois par semaine. 125 80,000 8,320,000
— hebdomadaires 2,000 2,875,000 149,500,000
— semi-mensuels 50 300,000 7,200,000
— mensuels 100 900,000 10,800,000
— trimestriels 25 20,000 80,000
Totaux 2,800 à 5,000,000 ou 422,600,000

Ce sont là de merveilleux progrès; ajoutons que la presse américaine n’a point grandi sans s’améliorer. Nous avons été sévère pour elle, et il nous eût été facile d’accumuler les témoignages américains pour motiver une condamnation plus rigoureuse encore; mais on ne saurait, sans manquer à l’équité, ne pas reconnaître qu’elle compte aujourd’hui dans son sein quelques heureuses exceptions, et même qu’à la prendre en masse, elle n’est plus ce qu’elle était il y a trente ans. L’homme à qui revient l’honneur d’être entré le premier dans la voie du progrès existe encore, il tient encore la plume, et c’est justice de payer à sa verte et laborieuse vieillesse le tribut d’hommage auquel elle a droit. M. Robert Walsh est né à Baltimore vers 1782. Fils d’un négociant aisé, il reçut une éducation libérale, et, ses études terminées, il vint en Europe pour compléter son instruction. Pendant plusieurs années, il parcourut la Grande-Bretagne, la France et une partie du continent; il se familiarisa avec la civilisation et les mœurs du vieux monde, et il vit partout le spectacle d’une presse lettrée et polie, pour qui l’observation des convenances et la courtoisie étaient des conditions d’existence. Ce spectacle ne fut pas perdu pour une intelligence d’élite et pour un esprit observateur. Revenu en Amérique en 1808, à l’âge de vingt-six ans, M. Walsh établit sa résidence à Philadelphie et se fit recevoir au barreau. Toutefois la presse était sa carrière naturelle, et il ne tarda point à y entrer. Immédiatement après son retour, il avait pu-