La confédération germanique remet d’elle-même en question une partie du système imposé naguère au Danemark par la nécessité européenne. Nous acceptons. La constitution commune va donc être soumise à l’approbation des diètes provinciales. Nous, majorité des chambres de Copenhague, à qui vous ne sauriez refuser le droit d’émettre à ce sujet notre avis, nous la rejetons entièrement, nous trouvant probablement en cela d’accord avec les diètes du Slesvig, du Holstein et du Lauenbourg. Voilà brisé le lien détestable qui nous attachait ensemble malgré nous, Allemands et Scandinaves. À cette union contre nature nous en substituons une autre, naturelle, depuis longtemps souhaitée, utile à l’Europe, qui, nous l’espérons, la consacrera : l’union avec la Suède et la Norvège. Plus d’attaque à redouter du dehors ; nos voisins savent désormais qu’ils auraient affaire non plus au petit peuple danois, mais à trois peuples frères, aux trois nations scandinaves, dont les intérêts sont les mêmes, et qui se sont formellement obligées à se secourir mutuellement. Plus d’accusations de la part des duchés allemands contre la prétendue tyrannie des Danois : l’union réelle, qui les emprisonnait tout à l’heure dans la monarchie danoise, a disparu ; elle a fait place à l’union personnelle rétablie, c’est-à-dire que le roi de Danemark, comme par le passé, reste leur duc, faisant à ce titre partie de la confédération germanique, et par conséquent incapable de modifier sans le consentement de l’Allemagne les institutions allemandes. Que souhaiteraient-ils de plus ? Appartenir à la Prusse ? Ils ne le veulent pas, et d’ailleurs l’Europe ne verrait pas de sang-froid la Prusse acquérir leurs magnifiques ports. Former à eux seuls un état particulier et indépendant ? Ils n’y gagneraient rien en vérité. Ils n’ont donc aucun intérêt à se séparer complètement du Danemark, c’est-à-dire à rejeter l’ancienne autorité du roi-duc. Seulement ils doivent oublier le Slesvig. Par suite d’une longue indolence de la part du gouvernement danois, l’influence allemande s’est implantée dans la partie méridionale de ce duché ; ce n’en est pas moins une terre primitivement et essentiellement scandinave. Il est temps enfin de couper court à toute velléité de slesvig-holsteinisme, et il faut que chacun soit maître chez lui. Le Slesvig devra reprendre peu à peu les mêmes institutions qui régissent les autres parties du Danemark. Revenu de ses erreurs et rentré dans le giron scandinave, ce beau duché sera notre don du matin à notre fiancée suédo-norvégienne. Telle est notre première solution : une alliance politique des royaumes du Nord, avec l’anéantissement du Helstat, de telle sorte que le Slesvig soit véritablement incorporé dans le royaume de Danemark, tandis que les duchés du Holstein et du Lauenbourg ne formeront qu’un appendice assez indépendant de ce royaume, à
Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/42
Apparence