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Le commerce de l’Amérique centrale sur les côtes de l’Océan-Pacifique est peu considérable. Le port le plus animé est Punta-Arenas, dans l’état de Costa-Rica. Cette prospérité relative n’a d’autre origine que la production du café, production toute récente. Il y a une vingtaine d’années, quelques pieds de caféiers furent importés de la Nouvelle-Grenade; ils réussirent si bien, que la culture s’en généralisa promptement, d’abord dans la plaine de San-José, chef-lieu de Costa-Rica, et peu à peu dans tout ce petit pays. En 1845, la production était déjà de 50,000 quintaux, elle est aujourd’hui plus que triplée; le capitaine de port de Punta-Arenas pense qu’avant peu d’années elle atteindra le chiffre de 300,000 quintaux. La qualité en est de plus en plus appréciée sur les marchés étrangers, et le prix, qui n’était en 1845 que de 7 piastres le quintal (45 kilogrammes), s’élevait jusqu’à 12 piastres en 1854. L’époque de la récolte du café est le signal d’une activité singulière : les villes deviennent désertes, chacun s’établit sur sa plantation; les femmes même, tout insouciantes qu’elles soient d’ordinaire, s’intéressent à cette récolte presque autant qu’à leur toilette, et j’étais tout étonné de recevoir les détails les plus circonstanciés sur cette culture de la bouche d’une des plus gracieuses et des plus charmantes personnes de Punta-Arenas; elle arrivait de la plantation de son mari, voyage de cinquante lieues qu’elle avait tout simplement fait à cheval.

Cette culture est la seule importante; quelques autres cependant pourraient acquérir un développement sérieux : le sucre, le tabac, les bois de construction et d’ébénisterie. Quelques mines, peu riches aujourd’hui, pourraient le devenir; c’est à ces mines que Juarros attribue le nom de la province de Costa-Rica, mais il ajoute naïvement que nul ne sait à quelle époque elles étaient riches.

En général, on retrouve sur ces côtes les productions tropicales, riz, safran, vanille, cascarille, caoutchouc, etc. Ne parlons que de celles qui offrent déjà les élémens d’un commerce réel. À ce titre, après le café de Costa-Rica, il faut citer l’indigo du San-Salvador, improprement connu en Europe sous le nom d’indigo de Guatemala. Malheureusement l’état de guerre du pays, le manque de bras, l’incertitude du lendemain ont fait abandonner peu à peu la plupart des indigoteries; cette industrie n’a fait que décroître depuis le départ des Espagnols. Elle produisait alors jusqu’à 10,000 balles de 68 kilogrammes; aujourd’hui ce chiffre est graduellement descendu à 3,000, puis à 1,200, et cette diminution continue. Un autre produit du San-Salvador est le baume appelé baume du Pérou, parce que les premiers échantillons qui en arrivèrent en Europe avaient passé par Lima. L’arbre qui donne sous différentes formes ce médicament si recherché est exclusivement originaire de l’état de San-Salvador, où pendant longtemps la côte comprise entre Acajutla et Jiqui-