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lisco fut désignée sous le nom de côte du Baume. La réputation de cette substance est d’une antiquité respectable, car dès 1562 le pape Pie IV en autorisa l’emploi dans la consécration du saint-chrême.

Dans la république de Guatemala, la production principale est la cochenille, dont 750,000 kilogrammes environ, valant près de 5 millions de francs, s’exportent annuellement ; mais c’est à peine si le quart de ce mouvement s’opère par l’Océan-Pacifique.

Les Indiens ont aussi leurs produits spéciaux : ce sont des calebasses gravées, des hamacs en pitre (espèce de paille), des nattes de paille aux dessins éclatans, des paniers d’osier bizarres de forme et de couleur. Leur industrie la plus lucrative est la pêche de la tortue et des huîtres perlières. La tortue dite carey leur fournit seule l’écaille qui s’achète ; ils en vendent la livre sept ou huit piastres, ce qui prouve qu’elle est rare. Les tortues de la grande espèce, dont l’écaille est malheureusement sans valeur, sont au contraire extrêmement abondantes ; mais on se lasse bien vite de cette chair insipide. Deux hommes suffisent pour la pêche : l’un guide la pirogue, l’autre, placé à l’avant, attentif, l’œil au guet, tient en main, au bout d’une corde longue et menue, la lance dont il harponne l’animal ; puis tous deux, avec une adresse singulière, parviennent à faire entrer dans leur étroite pirogue, vivans et se débattant, ces monstrueux chéloniens qui pèsent parfois près de trois cents livres. — La pêche des huîtres perlières se fait sur une plus grande échelle. Le chef d’une pêcherie engage vingt-cinq ou trente Indiens qu’il loge et nourrit pendant la saison, et qui chaque matin se rendent au lieu de pêche, répartis sur deux ou trois grandes pirogues. Là, tous debout, rangés par ordre, ils plongent successivement ; à peine l’un s’est-il jeté, que le suivant se jette à son tour ; chacun arrache du fond de l’eau une ou deux huîtres, puis recommence ; un habile plongeur peut ainsi en rapporter jusqu’à cent dans sa journée. Ces huîtres sont très grosses et bonnes, quoique peu délicates. La crainte des requins qui pullulent dans ces parages semble inconnue à ces hardis pêcheurs ; une seule fois ils nous prièrent d’enterrer les dépouilles d’un bœuf tué à bord, de peur que l’odeur du sang n’éveillât la voracité de ces ennemis toujours proches. La pêche des huîtres est d’un produit fort incertain ; parfois les frais ne sont pas couverts, parfois aussi une rencontre heureuse, une seule perle, fait la fortune de la saison. Du reste, rien n’est perdu ; les écailles même se vendent, et chaque année un navire anglais vient les recueillir aux diverses pêcheries.

Tel est parmi ces populations l’état actuel du commerce. Mettez à la place ou à côté des Indiens insoucians, des paresseux Espagnols, une société laborieuse, désireuse de gain, habile à tirer profit des ressources naturelles qui abondent : la transformation sera rapide.

La population de l’Amérique centrale se compose, comme dans