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pulations et pour l’autorité temporelle du saint-siége lui-même, qui doit trouver sa meilleure défense dans un bon gouvernement. C’est à ce point de vue que l’excursion de Pie IX devient un acte sérieux, propre à exercer quel- (jue influence, non pas assurément qu’on doive en attendre des changemens de nature à combler tous les désirs; mais si des abus disparaissaient, s’il y avait quelque adoucissement de régime, et si surtout une certaine pacification devait amener la fin de l’occupation étrangère, ce serait déjà un notable résultat. Quant à l’empereur François-Joseph, il visite aujourd’liui la Hongrie, comme il a visité, il y a quelques mois, Venise et la Lombardie. Il aura parcouru ainsi en peu de temps les deux pays qui ébranlèrent un instant, il y a neuf ans, la puissance autrichienne, et où vit encore plus d’une trace de la guerre. L’Italie et la Hongrie ont été soumises, elles ont même porté durement le poids de leur défaite. L’empereur d’Autriche semble vouloir maintenant ouvrir en quelque sorte une ère nouvelle par une politique pacificatrice, et comme il proclamait une amnistie à Milan pendant son voyage en Lombardie, il signale aujourd’hui sa présence en Hongrie par des actes du même genre. L’amnistie décrétée récemment à Bude s’étend à tous les condamnés pour haute trahison, rébellion ou, insurrection, aussi bien que pour crimes de lèse-majesté ou injures envers la famille impériale. Toutes les instructions judiciaires commencées jusqu’à ce jour pour cause politique doivent cesser en même temps, sauf à l’égard de ceux qui se sont évadés. C’est la seule exception faite par cette large amnistie, et cette exception même ne sera point maintenue sans doute, de sorte que la monarchie autrichienne semble en avoir fini avec le legs douloureux des dernières révolutions. Du reste, l’empereur François-Joseph a su habilement éveiller les sympathies de la Hongrie en parlant à ce pays de sa prospérité particulière dans l’empire. Voilà donc sur plusieurs points de l’Europe des voyages de souverains qui ont un caractère politique.

Mais ne voit-on pas depuis quelque temps se multiplier singulièrement ces voyages princiers? Ils n’ont pas tous, il est vrai, la même importance et la même signification; ils se mêlent à la politique et sont une diversion dans les affaires. Depuis quelques jours, on le sait, le grand-duc Constantin est à Paris. Il a été reçu avec cette hospitalité courtoise que la France met volontiers au service de tous ses hôtes, et dans laquelle on aurait tort vraisemblablement de voir un penchant trop prononcé pour la Russie. Les fêtes, les bals, les revues se sont succédé. On a été peut-être un peu curieux de voir un prince à qui l’on a voulu attribuer une certaine influence dans les événemens de la dernière guerre, et cette curiosité a été un stimulant. Maintenant le grand-duc Constantin chasse à Fontainebleau ; d’ici à peu il doit parcourir nos côtes de l’Océan , et il doit même aller visiter la reine d’Angleterre à Osborne, tandis que d’un autre côté le roi de Bavière arrive à Fontainebleau. Ainsi se succèdent ces voyages princiers. Ce n’est point cependant qu’à travers ce mouvement nous n’a5’ons nos aff’aires intérieures. La session du corps législatif était sur le point de finir légalement : elle vient d’être prorogée jusqu’à la fin du mois. C’est qu’en effet bien des questions restaient en suspens. Le budget est encore à voter. Le rapport de la commission du corps législatif vient à peine de paraître, et, d’après les évaluations sur lesquelles il se fonde, les dépenses s’élèveraient à 1 milliard