avait mis à notre disposition comme auxiliaires les élèves les plus distingués de son école de médecine. Le concours qu’ils nous apportèrent nous donna une idée très satisfaisante de l’organisation du corps médical ottoman. Le directeur du service de santé de l’armée turque était Thomal-Bey, personnage fort important, grand-juge d’Anatolie. Cette dignité correspond au grade de muchir ou de pacha à trois queues. Les généraux de division sont pachas à deux queues. Ce haut fonctionnaire est aussi directeur de l’école de médecine militaire, dans laquelle on admet des élèves civils. Il préside deux fois la semaine le conseil, composé de professeurs, et travaille directement avec le ministre de la guerre. Le sous-directeur de l’école, Arif-Bey, surveille le service de santé, et adresse chaque jour au directeur un rapport écrit. Les officiers de santé du service ottoman ont, comme les médecins militaires de presque toutes les nations, un rang hiérarchique qui les assimile aux officiers mêmes de l’armée. Dans l’armée ottomane, tous les médecins chefs de grands établissemens hospitaliers ont le rang de colonel, et touchent même une solde plus élevée que ces officiers supérieurs. Les autres médecins ont le rang de lieutenans-colonels, de chefs de bataillon, de capitaines. Ce dernier grade n’est porté que par un petit nombre d’officiers de santé militaires.
Dans les premiers jours de février, à la suite d’une conférence sur le typhus, à laquelle assistait le personnel médical de l’hôpital de l’école militaire, un médecin anglais, M. Pinkoffs, qui se distinguait entre tous par une grande ferveur scientifique, me proposa de convoquer à une prochaine séance les médecins anglais et sardes. L’idée me vint à cette occasion de fonder une société médicale, et d’en assurer même la durée après notre départ, en y faisant entrer les médecins les plus éminens de Constantinople et les professeurs de l’école de médecine ottomane, parmi lesquels figurait notre savant compatriote M. Fauvel, médecin des quarantaines. M. Pinkoffs me seconda de tous ses efforts, lit toutes les démarches nécessaires, et bientôt se trouva fondée une société qui peu après reçut du sultan, avec une dotation annuelle, le titre de Société médicale impériale. C’est pour moi un bon souvenir d’avoir présidé pendant mon séjour à Constantinople cette réunion de savans distingués. Des lectures et des discussions importantes occupèrent les séances de la nouvelle société, et la presse médicale de Paris continue aujourd’hui encore d’en reproduire les comptes-rendus. Déjà en 1830 j’avais eu la bonne fortune de rouvrir à Alger les cours, interrompus depuis des siècles, des Avicenne, des Rhazès, des Albucasis, etc. Ce fut dans la même pensée que je concourus à la fondation de la première société savante de Stamboul.
Rassuré sur l’effet des dispositions adoptées contre l’épidémie,