ment la dénomination de comités ou de clubs. Le crime n’est pas bien grand, on en conviendra. Il est certain que s’il n’y avait ni bruit, ni manifestations, même apparentes, ni réunions sous un nom quelconque, si en un mot tout se faisait par la voie des autorités indiquant au pays ce qu’il doit dire et ce qu’il ne doit pas dire, la question se trouverait singulièrement simplifiée. Il reste à savoir si l’Europe serait très exactement informée des vœux, des besoins, des intérêts véritables de la Moldo-Valachie.
Le nom de la France, on ne l’ignore pas, est associé à cette idée de l’union des principautés, qui est devenue un drapeau sur le Danube. Sans doute, au fond, la France n’a que des sympathies pour cette combinaison, dans laquelle elle voit un moyen puissant de fortifier les deux provinces en concentrant leurs ressources, en groupant leurs intérêts, en les soumettant à une même loi, comme elles ont déjà une même langue et une même origine. En réalité cependant ce n’est point là aujourd’hui la question qui s’agite : la France ne combat nullement pour une idée sur le Danube ; elle ne s’allie pas exclusivement à un parti, elle cherche uniquement à faire exécuter le traité de Paris, qui stipule une consultation sincère et franche de l’opinion dans les principautés. Si elle réclame, soit à Jassy, soit à Constantinople, contre les vexations exercées dans la Moldavie, ce n’est pas au nom de sa politique particulière, c’est au nom même du dernier traité de paix. Que l’opinion se prononce, la question se posera naturellement alors dans le congrès qui s’ouvrira. Ce n’est pas une erreur moins grande d’attribuer à la France la pensée d’élever un trône en Orient pour y placer un prince étranger. Cette pensée, que les Moldo-Valaques sont trop portes peut-être à accueillir, et qui ne ferait qu’ajouter une difficulté de plus à toutes celles que rencontre l’union, n’a rien qui soit propre à la politique française. Elle a été émise à l’origine dans les premières conférences de Vienne, comme pour rendre plus sensible la sollicitude de l’Europe en faveur des principautés à un moment où la Russie s’efforçait de capter ces populations par des démonstrations intéressées. Elle ne s’est point reproduite dans les négociations qui ont suivi. Il n’en est pas question dans le congrès de Paris, et toute la politique de la France en Orient se rattache à l’œuvre de ce congrès, qui n’admet qu’une possibilité générale, celle de l’union, et impose une obligation, celle de consulter avant tout les vœux, les désirs, l’opinion des populations moldo-valaques. Quand le prince Vogoridès, ses agens, ses conseillers, ses inspirateurs ou ses protecteurs ont recours à tous les moyens pour altérer l’expression de l’opinion publique dans la Moldavie, ce n’est pas la France qu’ils combattent, c’est le traité même en vertu duquel s’est ouverte cette grande enquête populaire dans les principautés, et le gouvernement du sultan se met en contradiction avec son propre ouvrage quand il semble se faire le complice, si ce n’est l’instigateur des excès de pouvoir commis sur le Danube. Le grand-vizir, Rechid-Pacha, pouvait trouver ici une merveilleuse occasion d’affermir sa situation, de fortifier son ascendant. Son rôle était simple : il n’avait qu’à se tenir d’accord avec l’Europe, à marcher avec elle en concourant à une politique dictée par un intérêt général. Il a préféré, par un calcul douteux, se faire l’auxiliaire des vieux préjugés turcs, des intérêts particuliers de l’Autriche et des passions personnelles de lord Stratford de Redcliffe. Or