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Le ministère qui a pris cette résolution a eu de la peine, disions-nous, à se reconstituer. Ces dillicultés tenaient à la situation même du Danemark. Aussitôt après la dissolution du dernier cabinet et pendant que le Rigsraad se trouvait encore assemblé à Copenhague, M. Hall, chargé de former un nouveau ministère, entrait en conférence avec M. de Scheel-Plessen, membre du Rigsraad et l’un des chefs du parti aristocratique du Holstein. D’abord les Holsteinois s’étaient montrés assez disposés à quelque transaction. Bientôt le bruit de la maladie et de l’abdication du roi, répandu une fois de plus, relevait leur confiance, et leurs exigences dépassaient toutes limites. Ces exigences ne tendaient à rien moins qu’à la soumission du Danemark. Les états du Holstein et du Lauenbourg devaient être consultés sur la constitution générale ; les domaines seraient soustraits à la juridiction commune, non-seulement quant à l’administration et à la législation, mais aussi quant aux revenus. L’indemnité du péage du Sund devait être un bien commun. La représentation au Rigsraad ne devait plus être proportionnelle à la population ; elle serait égale pour chaque province, quel que fût le nombre des habitans. En présence de ces ambitions, et les cabinets allemands réclamant d’ailleurs une prompte réponse à leurs communications, on conçoit que le ministère se soit reconstitué sans le concours des Holsteinois. Le nouveau cabinet a adopté la meilleure politique, celle d’une solution pacifique de cette épineuse question. Les puissances de l’Allemagne ne feront rien sans doute pour embarrasser ou retarder cette solution, et quand la question sera définitivement vidée, les notabilités du Holstein se résigneront aisément à entrer au pouvoir en abandonnant leurs prétentions, comme aussi il deviendra moins difficile de trouver un homme pour accepter la direction des affaires étrangères de la monarchie danoise.

Dans ce mouvement de questions politiques et diplomatiques qui s’agitent en Europe, et qui sont en quelque sorte l’œuvre commune de tous les cabinets, la France apparaît avec son influence extérieure et son ascendant de grande puissance. Quant à sa situation intérieure, un seul fait la résume aujourd’hui : c’est la dissolution du corps législatif, qui était arrivé au terme légal de son existence. Ainsi finit la première législature de l’empire. Dans vingt jours, le scrutin électoral va s’ouvrir pour donner la vie à une assemblée nouvelle. Si la session qui vient de finir a été peu occupée dans sa première partie, elle a été en compensation encombrée aux derniers instans par un assez grand nombre de discussions et de votes sur les intérêts les plus divers. Les plus importantes des lois votées sont celles qui touchent aux finances. La loi qui proroge le privilège de la Banque de France a été adoptée après avoir été modifiée sous quelques rapports par la commission du corps législatif. L’impôt sur les valeurs mobilières a pris rang parmi les recettes publiques à titre de taxe de mutation. Enfin la situation des finances, telle que la laisse le corps législatif, trouve son expression dans le budget, sur lequel un rapport étendu a été fait par M. Alfred Leroux. Le point saillant de ce budget, c’est qu’il tend à établir l’équilibre entre les recettes et les dépenses publiques, il établit même cet équilibre avec un excédant de revenus. Certes, entre les données conjecturales d’un budget préventif et la loi définitive des comptes du même exercice financier, il y a toujours place pour l’imprévu :