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Qu’on se figure maintenant une caisse en bois pleine d’eau, divisée en deux compartimens inégaux, que dans le plus grand, sur un grillage, soient placés les morceaux de houille à épurer, que dans le plus petit se meuve verticalement un piston : l’eau, refoulée par ce piston à travers le grillage, soulèvera les morceaux de charbon, qui, puisqu’ils sont censés avoir à peu près le même volume, se classeront, au bout de quelques coups de piston, suivant la loi élémentaire des densités. En d’autres termes, les matières déposées sur le grillage se seront placées par couches sensiblement horizontales, et de telle sorte que les plus lourdes, c’est-à-dire les substances étrangères, seront au fond, et que les plus légères, c’est-à-dire la houille, seront à la surface. On n’aura donc qu’à enlever avec précaution, à l’aide d’une pelle, toute la partie supérieure du dépôt, ou mieux un système mécanique opérera cet enlèvement de manière à ne point donner de temps d’arrêt, et on retirera de temps en temps les matières stériles. Tel est le procédé d’épuration de la houille réduit à sa plus simple expression ; poussé à une grande limite de perfectionnement, c’est-à-dire à ce point où le charbon est réellement pur et où les matières stériles ne retiennent plus de charbon, il devient compliqué et dispendieux, et il y a un calcul très précis à faire pour savoir si la valeur supérieure ainsi donnée aux produits compense les frais qu’ils ont coûté.

Parmi les combustibles minéraux produits artificiellement, il faut encore mentionner ce qu’on appelle les agglomérés, sorte de charbon qu’on forme en mélangeant à chaud des menus pulvérulens avec des matières goudronneuses fournies par la fabrication du gaz d’éclairage, et en les comprimant fortement dans des moules. Les briquettes ainsi obtenues conviennent bien au chauffage des navires à vapeur, parce que le chargement est d’un facile arrimage ; elles ont aussi été employées par quelques-unes de nos compagnies de chemins de fer, notamment par celle du Nord. D’un bon usage au point de vue de la production de la vapeur, elles offrent réellement tous les avantages de la houille en gros morceaux. On connaît enfin un autre combustible artificiel qui, sous le nom de coke d’anthracite (deux mots qui jurent ensemble d’après ce que l’on a vu tout à l’heure), fait quelque bruit en ce moment, et mérite d’être soumis sérieusement à l’épreuve de la pratique : il s’agit cette fois d’un mélange intime de houille grasse et d’anthracite dans la proportion de 1 à 2, qui, sous l’action d’une forte chaleur, donnerait un produit homogène bien agglutiné et très propre aux usages industriels.

Sur les 448 concessions de mines de charbon qui existaient en France en 1852 et embrassaient environ 4,776 kilomètres carrés, 286 seulement étaient exploitées ; répandues dans 29 départemens, elles avaient en feu 460 machines à vapeur, représentant ensemble