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la Banque, des canaux, les obligations de la ville de Paris et les actions de la caisse hypothécaire et de quelques compagnies d’assurances, — rari nantes. — En 1836 paraissent les actions du chemin de fer de Saint-Germain, et en 1837 celles des deux chemins de Versailles, du chemin de Montpellier à Cette et d’un chemin de Villers-Cotterets au Port-aux-Perches. — Il est vrai qu’à côté des valeurs françaises se trouvent un grand nombre de valeurs étrangères parmi lesquelles la Belgique, l’Espagne et le Portugal jouent un certain rôle, et l’on se rappelle encore les désastres de la spéculation entamée vers cette époque sur les banques de Belgique, les emprunts espagnols et les obligations miguélistes. Quelle différence pourtant entre les cotes d’il y a vingt ans et la cote d’aujourd’hui, où s’étale la nomenclature des actions et des obligations de chemins de fer français et étrangers ! Et s’il fallait juger du mérite de la spéculation par le nombre des objets auxquels elle s’applique, combien la spéculation en 1857 semblerait mieux justifiée ! A coup sûr, par rapport aux valeurs qui en sont la base, on doit trouver moins considérable le chiffre des transactions opérées à la bourse de Paris dans cette dernière période que pendant les trois années antérieures qui ont servi de terme de comparaison.

Mais ce n’est pas seulement à ce point de vue qu’il y a, si l’on peut parler ainsi, amélioration. La spéculation aujourd’hui est non-seulement assise sur des bases plus solides et plus larges, elle se compose en outre d’élémens plus sérieux et s’exerce avec plus d’intelligence au profit d’intérêts plus légitimes. Si les mots jeu et pari consacrés par le code ont été surtout applicables aux transactions de bourse, c’était assurément lorsque ces transactions, ayant pour objet des rentes françaises ou étrangères, constataient la plupart du temps pour unique résultat des différences entre la hausse et la baisse, et ne mettaient en jeu qu’une certaine habileté de combinaisons propres aux seuls spéculateurs, ou une audace assez aveugle à braver les hasards de la politique au dedans ou au dehors. Depuis la création de tant de titres industriels, la spéculation a pris plus de corps, elle s’exerce avec des titres et de l’argent, elle lève et livre des actions, elle procède moins par pari que par voie d’échange, elle fait surtout ce qu’on appelle des arbitrages, en un mot elle est de meilleur aloi. Ce n’est pas tout, on ne peut lui refuser d’autres vues et une plus grande utilité. À coup sûr, la spéculation, prisé à un point de vue général, vient en aide au crédit des états, dont elle soutient et facilite les emprunts ; mais ce secours n’est pas quotidien, et le crédit des états n’est pas tous les jours en question. Il en est autrement des entreprises particulières qui se créent, et, une fois créées, se modifient sans cesse, s’adressent plus souvent au crédit, et ne