Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/916

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’espèce bovine et à la race flamande en particulier. C’est un beau cahier de deux cents pages in-folio, contenant des gravures coloriées et des cartes. Si le reste de la collection est exécuté avec la même étendue et le même luxe, elle formera plusieurs volumes magnifiques, qui laisseront bien loin derrière eux le traité des Animaux domestiques, de David Low. Il est vrai que l’ouvrage original anglais aura toujours le mérite d’avoir précédé de bien des années l’imitation française, et que, s’il a été imprimé avec moins de luxe, il n’a rien coûté au budget de la Grande-Bretagne.

Le travail de M. Lefour est curieux, intéressant et complet. Nos huit départemens du nord contenaient 928,000 têtes de gros bétail en 1840 ; ces mêmes départemens, d’après une statistique nouvelle dont les résultats n’ont pas encore été publiés, bien qu’ils datent de quatre ans, mais communiqués officieusement à M. Lefour, en contenaient 1,010,000 en 1853 : augmentation en treize ans, 82,000 seulement. La race flamande y figure pour les trois quarts, c’est-à-dire pour 800,000 têtes, dont 573,000 vaches. M. Lefour place le point de départ de cette race dans le pays flamand proprement dit, ou les arrondissemens de Dunkerque et d’Hazebrouck ; elle s’est répandue de là dans les pays voisins. Les bonnes vaches de cette famille donnent en moyenne 3,000 litres de lait par an. Leur lait se vend surtout en nature. M. Lefour a constaté, d’après des renseignemens de la préfecture de police, que la seule ville de Paris a consommé en 1855 120 millions de litres de lait ; ce chiffre excède de 10 millions de litres celui donné par M. Husson en 1854, ce qui n’a rien que de vraisemblable à cause de l’augmentation rapide de la population de la capitale. M. Lefour démontre en outre que la race flamande a une grande aptitude à l’engraissement précoce, et qu’elle peut sous ce rapport soutenir sans trop de désavantage la comparaison avec les meilleures races anglaises ; il en conclut avec raison qu’on doit chercher avant tout à la maintenir dans sa pureté.

Pour que la collection ministérielle fût véritablement utile, il serait à désirer qu’on menât de front, avec la description des races supérieures, et déjà parvenues à une sorte de perfection, celle de nos variétés les moins connues, avec la recherche des causes qui les retiennent dans l’état où elles sont et des meilleurs moyens à prendre pour les développer ; sinon il s’écoulera beaucoup de temps avant que la grande majorité des producteurs puisse tirer un profit sérieux de cette belle publication. Il serait également désirable qu’on abordât le plus tôt possible l’espèce ovine, plus généralement répandue en France que le gros bétail.

M. Barrai, directeur du Journal d’agriculture pratique, a publié la seconde édition de son traité du Drainage, qui forme maintenant trois volumes. Il n’existe dans aucune langue de recueil aussi complet