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jours est-il que la pierre comme outil se trouve derechef au début. On peut penser que les populations antédiluviennes étaient hors d’état de s’élever au-dessus de la période de pierre ; du moins rien de plus n’a été rencontré dans les couches de terrain qui leur appartenaient. On peut encore penser que, même parmi les populations actuelles, plus d’une a été incapable de sortir par elle-même de ce rudiment des choses ; du moins la période de pierre dure pour beaucoup de peuplades qui n’avaient, lors de leur contact avec les Européens, pas d’autres instrumens tranchans que des pierres taillées. On peut enfin assurer que les populations mieux douées, celles qui devaient agrandir la civilisation élémentaire et donner à l’homme tous ses vrais et nobles développemens, eurent, elles aussi, leur âge d’enfance et leur outillement en silex. C’est un stage qu’il faut nécessairement faire, et que, parmi les races antiques, peu seulement dépassèrent, ouvrant dès lors la voie à d’immenses destins. Le bois ne peut servir à trancher, le métal est enfoui et n’est pas mis en usage sans des manipulations difficiles ; mais la pierre est là, toute prête, à l’aide d’opérations simples, à devenir une hache grossière il est vrai, mais utile. M. Boucher de Perthes prétend d’ailleurs distinguer les haches antédiluviennes et les haches postdiluviennes, non-seulement au gisement, cela va sans dire, et c’est le gisement qui permet la distinction, mais encore au travail. Celles-là ne sont pas aiguisées et polies ; celles-ci le sont, témoignant parla d’un besoin de perfectionnement qui paraît avoir été étranger à la période antérieure. À ces haches perfectionnées M. Boucher de Perthes assigne le nom de celtiques. Les unes et les autres sont semées sur le sol de la France actuelle, et montrent qu’à des époques diversement reculées ce sol a été occupé par des hommes maniant la hache de pierre ; mais il est douteux que l’appellation de celtique soit juste. Les Celtes ne sont pas autochthones de la Gaule, ils viennent de l’Orient, et lorsqu’ils se portèrent en Occident, ils avaient sans doute l’usage du cuivre : ils durent y trouver la pierre dans les mains de peuplades indigènes ; chez eux, s’ils la gardaient encore à côté d’une matière meilleure, c’était par souvenir et tradition.

L’âge de cuivre (l’âge d’or et celui d’argent ne sont que des accidens) est, des deux grands âges métalliques, le premier en date. Ce métal est relativement facile à extraire et facile à travailler. C’était donc à lui que pouvaient s’adresser les hommes lorsque le progrès des découvertes les conduisit à substituer des instrumens plus efficaces aux instrumens grossiers des aïeux. Ce fut une grave révolution dans l’industrie primitive, qui de la sorte fut en mesure d’agir avec bien plus de force sur la nature extérieure. On ne peut guère s’empêcher de l’attribuer aux races d’élite qui jetèrent les premiers fondemens des empires, les Couschites, les Sémites, les