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angulaire de l’édifice, la base sur laquelle repose l’ensemble du système de circulation atmosphérique de Maury. Prenons pour exemple la zone des calmes équatoriaux : nous avons dit que les deux courans alizés y débouchaient à la surface du globe, — que de plus dans les régions supérieures deux autres courans prenaient naissance et soufflaient vers les pôles dans deux directions contraires à celles des alizés. Comment sont alimentés ces deux courans supérieurs ? L’air apporté par les deux alizés se mélange-t-il dans la zone de calmes de manière qu’ensuite chaque courant supérieur soit indistinctement composé d’air provenant de l’un et de l’autre hémisphère ? ou bien l’air apporté par les alizés du nord-est alimente-t-il exclusivement le courant supérieur dirigé vers le pôle nord, en même temps que les alizés du sud-est alimenteraient exclusivement le courant qui va au pôle sud ? Maury rejette avec raison ces deux hypothèses : la première, parce que dans la nature rien, dit-il, ne peut être livré au hasard, et que tout doit y obéir à des lois fixes et déterminées ; la seconde, parce qu’elle constituerait deux systèmes distincts de circulation, indépendans l’un de l’autre, et exclusivement attribués l’un à l’hémisphère nord, l’autre à l’hémisphère sud. Selon lui, le croisement qui s’opère dans les zones de calmes est absolu : le courant inférieur qui vient du sud ou du nord continue sa route vers le nord ou vers le sud après être devenu courant supérieur, et réciproquement, de telle façon qu’en prenant toujours pour exemple la zone des calmes équatoriaux, les alizés de l’hémisphère sud forment exclusivement le courant supérieur passant dans l’hémisphère nord, et les alizés de l’hémisphère nord non moins exclusivement le courant supérieur passant dans l’hémisphère sud. En autres termes, les alizés austraux alimentent exclusivement les vents généraux dirigés vers le pôle nord, et réciproquement les alizés boréaux alimentent exclusivement les vents généraux dirigés vers le pôle sud. Maury insiste avec force sur ce point, et repousse énergiquement l’idée qu’un courant aérien constant et régulier puisse rebrousser chemin avant d’être parvenu aux régions polaires ; c’est là en effet la clé de voûte de son système, et voici quels sont les faits principaux qui viennent confirmer cette belle théorie.

Au premier rang de ces argumens vient se placer l’identité de composition de l’air en un point quelconque de notre globe, identité qui ne peut provenir que d’un échange atmosphérique s’opérant incessamment entre les diverses régions de la terre, et qui cesserait d’exister le jour où chaque hémisphère par exemple aurait son système indépendant de circulation. On sait en effet que les continens exercent sur la composition de l’air une influence notable, tant par la végétation qui les couvre que par les millions d’êtres animés qui les peuplent. Or, dans l’hémisphère nord, la terre sèche est à la