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empêchent nos sens de le percevoir, bien qu’il soit accusé à l’équateur par une diminution et dans les calmes tropicaux par une augmentation de la pression barométrique. Quant au mouvement ascendant de l’air dans les calmes polaires, il échappe, on le conçoit, à toute observation directe.

Les objections qui nous arrêtaient en l’absence de courans supérieurs se résolvent maintenant d’elles-mêmes : l’accumulation atmosphérique que nous avions signalée dans les calmes équatoriaux disparaît, puisque l’air apporté par les alizés est entraîné par ces courans supérieurs, et qu’il vient, aux calmes du Cancer et du Capricorne, remplacer l’air enlevé à ces deux zones par les vents de surface qui y prennent naissance. Ce n’est là que l’application d’un axiome aussi simple qu’évident, à savoir que, dans tout système de circulation, là où aboutit un courant doit se trouver un autre courant emportant ce qu’a amené le premier. En se plaçant à ce point de vue, on peut comparer ces trois zones de calmes à trois immenses auges entourant circulairement notre globe, auges qui seraient vidées par deux orifices, et remplies par deux autres. Dans les calmes tropicaux, les orifices de sortie donneraient issue aux vents alizés et généraux, opposés en direction, et seraient placés au bas de l’auge, laquelle serait remplie en haut par deux courans supérieurs ; dans les calmes équatoriaux, l’auge serait au contraire remplie par en bas et vidée par en haut.

On le voit, ces trois zones de calmes, de même que les deux régions de calmes polaires, jouent dans la circulation atmosphérique un rôle caractérisé par une importance toute spéciale : ce sont les points de croisement des courans supérieurs et inférieurs, points où le repos comparatif de l’air rappelle en quelque sorte les nœuds que la physique nous montre dans une corde vibrante, ou mieux encore, si l’on veut emprunter à la physiologie une image plus exacte, ce sont les cœurs de la circulation aérienne. C’est là en effet que viennent aboutir les grands courans que nous étudions ; c’est de là qu’ils repartent après avoir pour ainsi dire transformé la nature de leur mouvement, après être devenus inférieurs de supérieurs qu’ils étaient, ou réciproquement, — et cela toujours en sortant par une issue distincte de celle qui leur a donné passage à l’entrée. C’est absolument ce que l’on observe dans le cœur humain, où les oreillettes reçoivent le sang qu’expulsent les ventricules, et où la circulation de ce sang change de nature en devenant artérielle de veineuse qu’elle était.

Ce croisement des vents dans les zones de calmes réclame une attention particulière. Nous l’avons indiqué dans le trajet de la molécule hypothétique que nous avons considérée, mais il importe de préciser nettement la nature de cette action, car elle est la pierre