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portion lorsqu’elle devient d’abord courant supérieur, puis vent de nord-ouest dans l’hémisphère austral, il est clair que ce dernier vent devra de son côté être signalé par un maximum de précipitation. C’est effectivement ce qui a lieu, et d’après le trajet indiqué par Maury, la portion d’atmosphère en question part du parallèle de 30 degrés nord dans le Pacifique septentrional ; elle souffle comme alizé du nord-est jusqu’à l’équateur, qu’elle rencontre vers les Carolines, monte dans les régions supérieures, y devient courant dirigé du nord-ouest au sud-est jusque vers le 30e ou 40e degré sud, redescend à la surface dans les calmes du Capricorne, et finit alors par souffler comme vent du nord-ouest pour aboutir aux Andes patagoniennes, où le capitaine King a pu constater jusqu’à 3m 80 de pluie en quarante et un jours !

Nous bornerons ici notre exposé de ce système de circulation atmosphérique, sans nous préoccuper des faits particuliers qui pourraient distraire l’esprit du lecteur de l’idée d’unité et d’ensemble que nous tenions surtout à mettre en relief. Ainsi chacun comprendra que les vents ne sont pas absolus dans leurs directions et dans leurs limites, comme nous l’avons supposé pour plus de clarté ; chacun comprendra pourquoi nous avons dû négliger les innombrables remous de cette circulation, qu’il suffisait d’esquisser à grands traits, et pourquoi par suite nous avons considéré les vents tels que les montre l’Océan. À notre point de vue, l’Océan doit être la règle, la terre l’exception, et cela non-seulement à cause de la supériorité de surface liquide (laquelle est à la terre sèche comme 27 est à 10), mais aussi à cause du nombre infini de circonstances locales qui sur terre tendent à produire les remous dont nous parlions. De même nous n’avons considéré que des vents de sud-est, de nord-ouest, de sud-ouest et de nord-est : nul n’en conclura pourtant que ces quatre directions soient les seules affectées par les courans aériens. De même encore, les vents de sud-ouest de notre hémisphère sont loin d’être aussi constans et aussi bien établis que les vents de nord-ouest de l’hémisphère sud, et ne soufflent guère que dans la proportion de deux jours sur trois. Ces objections, et bien d’autres, sont résolues par Maury avec un talent de discussion, avec une science de détails qu’il faut se borner à mentionner ici[1].

  1. Il est cependant une exception au système général de la circulation atmosphérique trop importante pour être complètement passée sous silence : je veux parler des moussons. Lorsqu’en amont des alizés, c’est-à-dire par exemple dans le nord-est des alizés du nord-est, il se trouve de grandes plaines continentales particulièrement soumises à l’intensité de l’action solaire pendant une certaine partie de l’année, cette action détermine un mouvement ascensionnel dans l’air de ces plaines, et par suite à la surface un vide relatif dont le résultat est d’exercer sur les alizés une véritable aspiration qui change plus ou moins leur direction. La théorie de ce phénomène est due à Dove ; Maury l’a généralisée.