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vant balayée par les vents. Or de semblables soulèvemens, soit de montagnes, soit de continens, sont aujourd’hui des faits acquis à la science, que l’on sait avoir dû se produire à certaines périodes de l’histoire géologique de notre globe, et l’on va voir que ces considérations peuvent être d’une application directe dans l’état actuel de nos connaissances.

La mer Morte par exemple présente encore des traces d’une communication qui aurait jadis existé entre elle et l’Océan, d’où ressort le fait d’un niveau antérieurement plus élevé. Certes l’abaissement aujourd’hui constaté peut provenir d’une dépression survenue dans la croûte terrestre au point considéré, mais il peut également être le résultat d’une diminution dans la quantité de pluie tombant annuellement dans le bassin de cette mer, et il est permis de se demander en ce cas si cette diminution n’a pas été produite par le soulèvement des Cordillères de l’Amérique méridionale, situées précisément sur le trajet des vents alimentaires de la mer Morte. Le lac Salé d’Utah, dans l’Amérique du Nord, offre un exemple peut-être encore plus frappant, en ce qu’on y surprend en quelque sorte le phénomène en voie de formation. On y voit le lit de la rivière qui reliait anciennement le lac à la mer, et, l’évaporation dépassant toujours la précipitation, chaque année le niveau s’abaisse d’une certaine quantité, laissant à sec sur les rives de nouveaux dépôts de cristaux salins. Dans le système de Maury, les vents alimentaires de ce lac proviennent des alizés sud-est du Pacifique, de telle sorte qu’une simple augmentation de hauteur dans les montagnes de la sierra Nevada suffirait à expliquer la diminution graduelle de surface dont nous venons de parler.

Nous avons terminé l’examen des idées principales de Maury. En présence d’une œuvre aussi encyclopédique que la sienne, immense réseau jeté sur des faits de mille natures différentes, il a fallu chercher avant tout à mettre en relief les lois qui dominaient ce vaste ensemble, et l’on a vu comment ces lois découlaient d’une idée unique, celle du mouvement universel des masses atmosphérique et océanienne. Il sera aisé maintenant de résumer dans ses traits essentiels le système du savant américain.

Le plus beau titre scientifique de Maury est, selon nous, sa théorie des vents. Partant des faits bien établis que nous connaissons sur la circulation aérienne, et de ses phénomènes irrécusablement acquis à l’observation, vents alizés, vents généraux et zones de calmes ; s’appuyant ensuite sur cet axiome, aussi simple qu’évident, que, dans une masse fluide quelconque, l’existence d’un courant constant dans une direction implique nécessairement l’existence