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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars 1858.

Puisque, dans cette histoire qui se fait tous les jours, chaque peuple a son chapitre ouvert, et puisque dans ce chapitre chaque jour ajoute une page de plus, c’est dans ce livre ouvert des destinées contemporaines qu’il faut lire, à mesure que les événemens s’accomplissent, pour voir comment les questions intérieures se mêlent aux questions d’alliance, comment s’agitent à la fois les intérêts les plus lointains et les plus rapprochés. C’est un fait suffisamment attesté aujourd’hui par des signes multipliés que depuis quelque temps, à la suite de l’attentat du mois de janvier, une situation nouvelle s’est produite ou a été subitement mise à nu, une situation qui a ses caractères et ses conséquences dans l’ordre intérieur comme dans la sphère des relations internationales. D’une part, le gouvernement, ainsi qu’il l’a dit lui-même, a cru devoir faire des arrestations qui se sont étendues aux provinces. De plus, il a signalé l’existence d’un travail recrudescent des partis révolutionnaires concordant avec deux tentatives récentes de désordre. L’une de ces tentatives a eu lieu ; Paris même dans une des premières nuits de ce mois ; l’autre a éclaté vers le même temps dans le département de Saône-et-Loire, à Châlon. Un rassemblement s’est formé un soir, il s’est jeté sur un poste militaire, et un instant il a parcouru les rues en proclamant la république. Les perturbateurs, on le pense, ne sont pas allés bien loin sans être dispersés, et quelques-uns ont été arrêtés ; puis tout est rentré dans le calme. Le mot de cette situation, le gouvernement le dit, c’est une certaine inquiétude entretenue par des causes diverses, et qui ne peut que s’apaiser sous l’influence d’une politique aussi attentive à désintéresser les gens de bien dans leur sécurité et dans leurs vœux légitimes qu’à réprimer les emportemens de l’esprit d’anarchie. D’un autre côté, par une sorte de force des choses, le gouvernement s’est trouvé engagé avec quelques états étrangers dans l’examen de questions toujours délicates. Encore aujourd’hui, à ce qu’il semble, une négociation est suivie avec la Suisse pour l’internement d’une