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IV. — LE BUDGET ET LES FINANCES. — LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE.

Il est hors de doute qu’un état soumis au système représentatif se réfléchit tout entier dans son budget. Le budget est une des plus belles conquêtes des temps modernes. C’est l’institution vitale qui établit et développe l’unité d’un peuple en réunissant dans un seul acte législatif toutes les recettes et toutes les dépenses, qui montre au pays pas à pas, année par année, le chemin qu’il suit, et soumet à la censure publique de l’élection ses délégués et ses représentans. La constitution brésilienne a reconnu cette vérité. Le premier devoir qu’elle impose aux chambres est de voter tous les ans le budget des ressources et des charges du pays pour l’année suivante. Ces budgets deviennent ainsi les documens les plus précieux pour les contemporains, et même pour les historiens futurs du pays. À mesure que le Brésil se développe et fait des progrès, les ressources et les dépenses se modifient. Toutes les phases par lesquelles passe l’état se réfléchissent dans ce fidèle miroir, qui, année par année, signale les changemens, les crises, les progrès, les malheurs, toute la marche enfin ascendante ou descendante d’un pays et d’un peuple. Pour connaître l’histoire du Brésil depuis son avènement à l’indépendance, époque à laquelle commença de fonctionner cette machine admirable qu’on appelle gouvernement représentatif, il suffit de lire ses budgets, qui datent déjà de plus de trente ans, et l’espace de trente ans est une période assez longue pour un peuple dans le siècle où nous sommes. Le budget de 1857 montrera l’état actuel du Brésil tout entier : c’est le sommaire de toutes ses ressources et de toutes ses charges, de ses droits et de ses devoirs. Envisagez chacun de ses paragraphes sous le point de vue social et politique, philosophique, industriel et économique, et vous connaîtrez parfaitement tout ce que vous désirez savoir sur ce pays. Quand je parle de budget, je n’entends point par là seulement un calcul approximatif fait à l’avance, et qui ne représente certes pas une vérité mathématique, car il peut survenir des circonstances qui le modifient : — je veux parler aussi des comptes rendus annuellement par un gouvernement parlementaire aux chambres, avec les documens à l’appui qui constatent la réalité des faits accomplis, et sur lesquels se prononcent les chambres en discutant la conduite du ministère. L’étude de ces curieux détails est la voie qui vous conduira le plus sûrement à la connaissance entière des actes de l’administration.

Les dépenses publiques générales du Brésil pour l’année 1857 étaient fixées par le budget à la somme de 35,500,000,000 de reis (106,500,000 fr.). Celles des provinces montaient à 10,000 contos