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leurs produits dans la Plata et quelques autres parties de l’Amérique.

Nous emprunterons encore quelques chiffres aux rapports officiels sur le commerce extérieur et intérieur du pays. La valeur de l’exportation était en 1840 de 41,671,791,000 reis ou 125,015,373 fr. ; en 1856, elle s’est élevée à 96,431,315,000 reis ou 289,293,945 fr. L’importation, qui n’était en 1840 que de 57,727,129,000 reis ou 173,181,387 francs, est montée, en 1856, à 91,233,818,000 reis ou 273,701,454 francs. Le grand marché de l’exportation du Brésil, ce sont les États-Unis de l’Amérique du Nord ; l’Angleterre ne vient qu’en deuxième lieu ; la France, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, les états de la Plata et le Portugal viennent ensuite. Pour l’importation, l’Angleterre occupe la première place, la France la deuxième et les États-Unis la troisième[1]. Il est à remarquer que depuis 1850 le Brésil exporte plus de valeurs qu’il n’en importe[2].

Dans presque toutes les capitales des provinces du Brésil, il y a des banques ou des succursales de la Banque nationale en sociétés anonymes. Il y en a aussi quelques-unes en commandite. La capitale du Brésil, qui n’a pas moins de 300,000 âmes de population, et qui est une ville tout à fait européenne, possède trois sociétés anonymes pour les opérations de banque : la Banque nationale, une banque agricole et une banque rurale. Bahia, dont la population est de plus de 120,000 âmes, possède une succursale de la Banque nationale et deux autres banques. Les villes de Pernambuco, de Sao-Paulo, de Maranhao et de Rio-Grande du Sud ont chacune une succursale et une banque. Celles du Para et d’Ouro-Preto à Minas-Geraes ont chacune une succursale de la Banque nationale.

L’organisation de la Banque nationale date de 1853, et se rapproche de celle de la Banque de France. Cet établissement a droit d’émission pour une somme triple de son fonds de garantie métallique. Ses opérations sont les suivantes : escompte à quatre mois d’effets de commerce avec deux signatures, prêts sur garantie d’actions

  1. L’exportation consiste en café, sucre, cuirs, cotons, diamans, tabac, herva-matte, caoutchouc, eaux-de-vie, cacao, bois de teinture et d’ébénisterie, riz, tapioca, or, ipécacuana, salsepareille, etc. La province de Rio à elle seule présente une production égale en valeur à la moitié de la somme entière de l’exportation. Bahia et Pernambuco prennent toujours la deuxième et la troisième place.
  2. Une activité maritime de plus en plus considérable correspond à ce progrès. En 1856, le port de Rio-Janeiro a vu sortir 3,622 navires et entrer 3,620, celui de Bahia comptait 1,608 navires entrés et 1,750 sortis, celui de Pernambuco 786 entrés et 682 sortis. Les autres ports de l’empire, qui sont Rio-Grande du Sud, Para, Maranhao, Santos, Alagoas, Sergipe, Paranágué, Parahyba, etc., ne viennent qu’après ces trois-là. Le Brésil possède 148 navires nationaux pour les voyages de long cours, et 1,400 de cabotage, en outre plus de 16,000 bateaux, qui s’emploient à la navigation intérieure des rivières et à la pêche sur les côtes, et qui sont montés par près de soixante mille hommes, dont le tiers en esclaves.