Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/814

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des compagnies anonymes et sur d’autres valeurs, comptes courans, change sur les places étrangères. Son capital est fixé à 30,000,000,000 de reis ou 90 millions de francs. Ses actions sont nominatives. La banque est obligée de retirer annuellement de la circulation 2,000 contos de reis du papier-monnaie émis par le gouvernement jusqu’à la somme de 10,000 contos de reis, et de les verser au trésor à titre de prêt gratuit[1].

Le Brésil est devenu un pays de commerce. Presque toutes les classes de la société brésilienne se jettent dans les entreprises industrielles et dans les affaires. C’est la tendance de l’époque, surtout celle des pays nouveaux qui sont en progrès. On aimerait à voir cette activité pratique combattre efficacement la frivole ambition qui entraînait jusqu’ici les Brésiliens vers les fonctions publiques, au grand dommage de l’indépendance individuelle et de la dignité nationale. C’était un bien affligeant spectacle que cette foule de solliciteurs qui arrivaient de toutes les provinces dans la capitale pour profiter de la centralisation administrative : triste calcul qui avait pour double effet d’ajouter au budget des charges nouvelles, et d’enlever des citoyens indépendans à la nation.

V. — FORCES MILITAIRES, JUSTICE, INSTRUCTION PUBLIQUE.

Les forces de l’empire du Brésil se divisent en armée de terre et armée de mer, en corps de police particuliers à la capitale et aux provinces, et en garde nationale.

Après la révolution de 1831, dans laquelle elle prit part au mouvement contre le premier empereur, l’armée de terre, comme toute armée qui perd les traditions de l’obéissance et de la discipline, abandonnant le rôle de protectrice de l’ordre public, était devenue un instrument de séditions. On trouvait des soldats dans toutes les émeutes ; un jour même, au mois de juillet, les troupes voulurent imposer au gouvernement et aux chambres des proscriptions qui

  1. Nous avons sous les yeux le bilan de la Banque nationale au 1er décembre 1857 seulement pour la ville de Rio-Janeiro, et ne comprenant pas les sept succursales qu’elle possède. À cette date, son actif (effets de commerce en portefeuille, prêts sur dépôts, etc.) était de 76,787,427,231 reis, ou 220,362,281 francs ; son passif (billets en circulation, comptes courans, etc.) balançait exactement cette somme. La banque rurale de la ville de Rio a un capital de 8,000 contos de reis, ou 24 millions de francs, et son dernier bilan présente un actif de 22,026,029,977 reis. La banque en commandite Maua Mac-Grégor et Co a un capital de 6,000 contos de reis, ou 18 millions de francs, et son actif est toujours d’environ 18,000 contos de reis. D’après ces données, on peut se figurer l’importance des affaires qui se font à Rio-Janeiro ; mais Bahia, Pernambuco, Rio-Grande du Sud, Para, Maranhao et Sao-Paulo nous donnent la preuve que le mouvement et la vie n’existent pas seulement dans la capitale.