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et de mer sont fort anciennes. Ce sont encore celles qui existaient sous le régime colonial. Le besoin d’une réforme se fait sentir chaque jour davantage. Les peines qu’infligent ces lois sont très rigoureuses, mais on en tempère la sévérité dans l’application, parce que le tribunal supérieur militaire a un certain pouvoir discrétionnaire qu’il peut employer. Il est à remarquer que la désertion est le crime le plus fréquemment commis par les soldats et les matelots. Dans un pays aussi vaste que le Brésil, il est bien facile de se soustraire aux recherches et de s’assurer des ressources d’existence. Malgré la rigueur des châtimens infligés aux déserteurs, les désertions continuent toujours. On peut évaluer à un dixième des armées de terre et de mer le nombre de ceux qui désertent annuellement leurs drapeaux et manquent à leur serment. La discipline et l’organisation de l’armée de terre sont sans contredit assez bonnes ; malheureusement on ne peut pas lui donner une instruction satisfaisante, les besoins du service public ne permettant pas qu’elle soit réunie et concentrée. Outre le service militaire proprement dit, l’armée fait aussi un service de police dans la plupart des provinces, service pour lequel les corps provinciaux sont insuffisans. La province de Rio-Grande du Sud, limitrophe de la Confédération-Argentine et de l’État-Oriental, peu éloignée de la Bolivie et du Paraguay, possède une garnison de 6,000 hommes. C’est la garnison la plus forte de l’empire. Le dépôt des recrues est dans la capitale, d’où elles partent pour rejoindre les corps aux quels elles sont destinées.

Les soldats brésiliens sont braves et supportent parfaitement les marches et les fatigues de la guerre : ils ont donné des preuves de courage et de persévérance dans la Plata, lorsque le Brésil s’est décidé, en 1851, à combattre le dictateur de Buenos-Ayres. Leur attitude a été digne d’éloges dans les guerres civiles qui ont éclaté, en 1841 et 1848, à Minas, à Sao-Paolo et à Pernambuco, comme aussi dans la province de Rio-Grande du Sud.

Les corps de police, dans la capitale et dans les provinces, ont une organisation toute militaire et sont soumis aux mêmes lois et au même régime que l’armée. Ces corps sont composés de cavalerie et d’infanterie. Celui de la capitale de l’empire compte 800 hommes, et ceux des vingt provinces se composent maintenant d’environ 4,000.

Pour compléter l’exposé du système administratif du Brésil, il reste à dire quelques mots de la justice et de l’instruction publique. Il y a là encore plus d’une utile réforme à tenter.

La législation commerciale et la législation criminelle ont été créées par le Brésil depuis qu’il a conquis son indépendance ; mais la législation civile se fonde encore sur les anciennes ordonnances de Philippe III, roi d’Espagne et de Portugal, et sur les décrets rendus