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diocrement à la description du combat donné par les Commentaires, mais sans présenter de difficulté insurmontable.

En dernière analyse, voici ce que cette étude nous a démontré :

Pour faire partir César de Langres et l’amener sous les murs d’Alaise après une victoire remportée dans le bassin de la Saône, il faut prêter aux deux généraux des calculs si singuliers et admettre une suite de circonstances si extraordinaires que cette solution du problème semble peu admissible.

En fixant le point de départ des Romains à Sens, celui des Gaulois à Autun, et le théâtre du combat dans la vallée de l’Armançon, on n’écarte pas de sérieuses objections ; mais on peut amener par cette voie l’armée victorieuse devant Alise.

Enfin les calculs les plus simples peuvent avoir conduit César vers Vitry et Vercingétorix à Alise avant la reprise des hostilités ; la disposition des lieux sur les bords de l’Aube se prête à la rencontre telle qu’elle est décrite par les Commentaires, et cette série d’opérations se termine le plus naturellement du monde au pied du Mont-Auxois.

Le résultat de ce premier examen est donc, à notre avis, entièrement favorable à l’Alise bourguignonne. Nous allons voir si la description des travaux exécutés, des combats livrés autour d’Alesia, si l’étude du terrain auprès des deux villes rivales peut nous conduire à d’autres conclusions.

IX.

Ce n’est pas sans quelque hésitation que nous abordons la seconde partie de cette étude. Il est toujours difficile de se rendre compte d’un ensemble d’opérations militaires et de choisir entre des renseignemens souvent contradictoires. Aussi toute campagne peut-elle être exposée, jugée de cent façons différentes, et il faut être bien sûr de soi-même pour garantir qu’on a trouvé l’explication la meilleure, le récit le plus vrai. Lorsqu’il s’agit d’événemens racontés dans une langue morte et d’une façon aussi concise que les guerres de César, accomplis il y a deux mille ans au milieu d’une société qui n’existe plus, on comprend que la difficulté ne diminue pas. Cependant, si l’on court risque ici de mal interpréter les textes ou de raisonner à faux, on a, pour se conduire dans cet examen, les mêmes principes, les mêmes règles qu’il faudrait appliquer aujourd’hui : le cœur de l’homme, ses forces physiques n’ont pas sensiblement changé ; la terre présente à sa surface des accidens analogues, et dans la direction générale de la guerre Napoléon ne s’y prenait pas autrement qu’Annibal ou que César. Mais si nous quittons la stratégie pour la