Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les quartiers des légions devaient être à l’est sur le Mont-Plevenel, au sud et au nord sur les hauteurs qui dominent l’Ose et l’Oserain, on comprend aisément qu’un simple mouvement de cette redoutable infanterie s’avancant jusqu’au bord des crêtes ait jeté dans le camp des Gaulois une si profonde terreur et facilité la victoire des auxiliaires germains.

C’est donc bien dans cette plaine qu’était vraisemblablement l’intervalle entre les ouvrages par lequel la cavalerie de Vercingétorix put si heureusement sortir de la place. César se décide alors à envelopper le Mont-Auxois par une ligne continue ; ses redoutes, dont il a reconnu l’insuffisance, deviennent les réduits de cette fortification nouvelle. Le fossé perdu devait être creusé dans la plaine, au pied des pentes allongées qui de ce côté forment la base de la montagne ; au nord et au sud, il était en dehors et au-dessus des deux ruisseaux ; à l’est, il coupait ces cours d’eau et la pointe du Mont-Plevenel. Le parapet était à quatre cents pas en arrière ; il devait s’élever sur le flanc intérieur de la hauteur dite Réa, au nord-ouest, traverser la plaine des Laumes en-deçà de la ferme de l’Épineuse et le Mont-Plevenel près de la ferme de l’Épermaille, tenir enfin les bords supérieurs des escarpemens qui s’étendent au sud et au nord-est. Tous les points de cette ligne sont à une distance convenable des positions occupées par l’ennemi ; nulle part les travailleurs ne sont exposés aux projectiles des assiégés ; ils sont près de leurs camps, de leurs réserves ; nulle fatigue inutile, nul péril nouveau ne vient s’ajouter aux labeurs, aux dangers inhérens à l’entreprise même de César. Enfin que l’on prenne le compas, qu’on le fasse passer par les points que nous avons indiqués en suivant les festons des crêtes, et l’on trouvera une mesure totale qui sera d’environ seize mille mètres. Voilà pour la ligne intérieure ou contrevallation. Quant à la circonvallation, elle devait, selon nous, passer sur Réa, suivre le mouvement de terrain au sud-ouest de ce mamelon, se couvrir de la Brenne depuis la ferme de l’Épineuse jusqu’au-dessous de Préhaut, remonter sur le plateau de Flavigny, tenir au sud de la ferme Lombard le bord de la crête qui présentait une disposition favorable à la défense extérieure, passer au Noyer, traverser Flavigny, l’Oserain, le bois d’Eugny, l’Ose, le Vaux, envelopper le saillant que forment les hauteurs au nord-est au-dessus de ce dernier ruisseau, se prolonger entre les cotes 426 et 402, suivre le bord de la crête au sud du château de Savoigny, couper le Rabutin vers Gresigny et se rattacher de nouveau à Réa. Ainsi décrite, la circonvallation mesure vingt et un mille mètres, comme dans les Commentaires. De même que la contrevallation, elle épouse les formes du terrain (regiones secutus æquissimas pro loci natura) de la façon qui