Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des travaux très complets sur l’industrie des mines en général, et particulièrement sur l’exploitation des combustibles minéraux, désignaient d’avance l’auteur de ce mémoire comme une autorité compétente pour traiter un pareil sujet au point de vue commercial et industriel. Le manifeste du comité des houillères, malgré les documens utiles qu’il contient, pèche malheureusement par la base. On y sent trop le parti-pris de présenter tous les faits de façon à mettre en lumière la prétendue nécessité de protéger la houille indigène au moyen des droits de douane mis à l’importation des houilles étrangères. Non-seulement nos industriels combattent le principe de l’abolition totale des droits protecteurs, mais encore ils repoussent l’idée d’un abaissement quelconque de ces droits, allant, dans le cas contraire, jusqu’à prédire la ruine de la plupart de nos mines.

Avant de traiter cette question délicate, à propos de laquelle il est d’ailleurs inutile de mettre en présence une fois de plus les doctrines exclusives de la liberté illimitée du commerce et de la protection, il importe de montrer quel rôle jouent dans l’industrie des combustibles minéraux les diverses nations du monde civilisé, et notamment la Grande-Bretagne et la Belgique. Ces contrées en effet complètent, avec la Prusse rhénane, la consommation de la France, à laquelle ne pourrait faire face notre seule production indigène. On se trouve ainsi conduit à examiner le degré d’approximation dont est susceptible l’évaluation de la richesse houillère des différentes portions du globe et les réserves dont il convient d’accompagner ces calculs.

La fortune houillère d’une contrée doit nécessairement s’évaluer en multipliant la superficie des bassins carbonifères par l’épaisseur moyenne de l’ensemble des couches de combustible. Le seul énoncé de cette règle théorique, rapproché des notions que nous possédons actuellement sur l’allure des terrains houillers, montre assez à priori combien les résultats qu’elle permet d’obtenir doivent être approximatifs, en raison des variations que subissent, en quelque sorte à chaque instant, les facteurs du produit, à mesure que la géologie, la recherche des gîtes minéraux ou l’exploitation des mines fournissent des notions plus précises sur la manière d’être d’un bassin déterminé. On sait, par les seuls exemples qu’offre aujourd’hui la France, combien ces variations peuvent être brusques. En ce moment même, notre industrie houillère remporte dans le nord et dans l’est de véritables victoires, et d’autres régions de notre territoire, notamment le centre, voient également se poursuivre plus d’une exploration heureuse.

Quant à la surface du terrain houiller, on reconnaît sans cesse de nouveaux prolongemens des bassins belge et prussien dans les départemens voisins des frontières de la Belgique et de la Prusse rhénane.