fidèle à cette politique libérale et sensée, a concouru à l’établissement du royaume hellénique ; elle a fait reconnaître l’hérédité en Égypte. Elle aurait voulu étendre à la Syrie les bienfaits du gouvernement stable et régulier qu’elle donnait à l’Égypte : l’Europe ne l’a pas voulu, et la monarchie de 1830 a paru vaincue dans sa politique orientale, parce qu’elle n’avait obtenu que les deux tiers de ce qu’elle demandait. Quand est venue la question des principautés danubiennes, l’empire, fidèle à la politique demi-séculaire de la France, a soutenu l’union des principautés sous un prince étranger. Il ne l’a pas obtenue tout entière et l’esprit de parti ne manquera pas sans doute de traiter de défaite cette demi-victoire. Dans la question toute récente du Monténégro, même politique. La France veut faire reconnaître l’indépendance du Monténégro, afin de l’excepter par cette reconnaissance du démembrement éventuel de la Turquie. C’est là en effet ne l’oublions pas, ce qui donne une grande importance à toutes ces questions d’hérédité égyptienne, d’union de la Roumanie et d’indépendance du Monténégro, que quelques personnes traitent de haut, parce qu’en apparence il n’y a que la vanité de petits peuples qui soit en jeu. Tout ce qui est séparé plus ou moins du corps de l’empire turc se trouve soustrait d’avance aux chances de la liquidation de cet empire. Supposez que la suzeraineté nominale de la Turquie dans les principautés équivaille à une véritable souveraineté ; supposez que l’indépendance séculaire et belliqueuse du Monténégro soit sacrifiée à la restauration musulmane qui s’essaie en ce moment ; supposez enfin qu’un jour ou l’autre la Turquie mourante ait pour héritière la Russie ou l’Autriche, ou toutes deux : les principautés et le Monténégro passeront dans l’héritage. Il n’y a donc pas là une question de vanité populaire, il y a une question d’équilibre européen. Séparés par un titre quelconque de la domination turque, la Grèce, l’Égypte, la Roumanie, le Monténégro, survivront au démembrement de l’empire turc ; sujets, ils seront assujettis avec lui. Si en 1814 la Savoie et le Piémont, la Belgique et la Hollande, n’avaient pas eu leurs vieux souvenirs, ils auraient disparu dans le démembrement de l’empire français. La Savoie et le Piémont auraient été autrichiens ; la Belgique et la Hollande auraient été prussiennes. Leur vieille indépendance les a sauvés. Plus il y aura ainsi d’indépendances ou de quasi-indépendances reconnues en Orient, moins le démembrement de l’empire turc portera atteinte à l’équilibre européen.
M. Hommaire de Hell veut que la France soutienne en Orient les intérêts des peuples musulmans, qui sont plus en péril, dit-il, que les intérêts des chrétiens ; nous ne vivons plus sous l’empire