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ECRIVAINS MODERNES
DE LA FRANCE

M. EDGAR QUINET.
Œuvres complètes de Edgar Quinet, 10 volumes, Paris 1857-58.



Dans le mouvement littéraire qui signala les dernières années de la restauration, quand une brillante phalange entra si vaillamment en campagne avec l’ambition de renouveler la poésie française, ce fut surtout l’inspiration lyrique qui profita de cet enthousiasme ; les deux autres formes de la haute poésie, le drame et l’épopée, ne partagèrent pas es triomphes. Le théâtre cependant ne resta pas inactif ; on sait quel espoir enflammait la jeune école, et avec quelle confiance elle nous promettait un Shakspeare. Tandis que les Méditations de Lamartine ouvraient aux âmes les sphères de l’infini, tandis que l’auteur des Orientales célébrait dans les Feuilles d’automne la poésie du foyer domestique, et qu’Alfred de Musset, au milieu de ses fantaisies étincelantes, écrivait les plus belles élégies de notre langue, tandis que les rêveries idéales du chantre d’Eloa, les analyses pénétrantes de Sainte-Beuve, les cris sublimes d’Auguste Barbier, les suaves peintures de Brizeux, complétaient ce merveilleux concert où chantaient toutes les notes de l’âme, le théâtre d’Hernani, d’Henri III et de Chatterton avait aussi la prétention déclarée de travailler à la régénération de l’art. Certes toutes les batailles livrées sur la scène ne furent pas des victoires ; on ne saurait du moins reprocher à la littérature nouvelle d’avoir méconnu l’importance