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sieurs Zantiotes, condamnés pour avoir pris part à l’émeute, périrent par le gibet. On démolit les maisons des condamnés et des contumaces au son des cloches et au bruit du tambour. Un vieillard, le comte Kapnistis, et son fils, accusés d’avoir donné asile à un jeune Grec qu’on allait pendre, furent attachés à la bulina (carcan). Les habitans de Kanava ayant mis à mort quarante Turcs poussés à Cérigo par la tempête, l’île subit les rigueurs de l’état de siège. Le massacre de Cérigo était présenté, dans une proclamation du 16 octobre 1821, comme le motif principal qui avait déterminé le lord haut-commissaire à proclamer la loi martiale. Maitland déclarait dans cette proclamation « qu’aucun vaisseau des parties belligérantes ne pourrait (sauf le cas de tempête) être admis dans les ports ioniens. Tout individu qui communiquerait avec eux serait regardé comme coupable de rébellion ouverte contre le gouvernement ionien. » Un édit subséquent ordonna le désarmement général des insulaires. Déjà (1er juin et 18 juillet 1821) il avait été défendu d’embrasser la cause des insurgés sous peine de bannissement et de confiscation des biens. Un autre décret (22 juillet) avait déclaré que les bâtimens qui servaient contre les Turcs devaient être considérés comme pirates et traités comme tels.

Ces différentes mesures furent complétées par une ordonnance draconienne contre les réfugiés, que Venise avait toujours traités avec une humanité vraiment chrétienne. Il leur fut enjoint de quitter l’heptarchie sous quinze jours. Cependant l’hospitalité qu’on leur accordait n’était pas onéreuse aux Anglais, car les Ioniens s’étaient cotisés pour subvenir généreusement à tous les besoins des proscrits. Les autorités, moins libérales, leur faisaient payer jusqu’à l’air qu’ils respiraient. En effet, tout étranger, quelle que fût sa patrie, était forcé de se munir d’un permis de séjour et de le faire renouveler chaque mois. On s’emparait même des passeports afin d’enlever aux voyageurs la liberté de leurs mouvemens.

Les peines sévères portées par Maitland contre ceux des Ioniens qui voleraient au secours des Hellènes n’empêchèrent pas un grand nombre d’insulaires d’aller combattre dans les rangs des insurgés. Parmi ces volontaires, on doit citer les comtes André et Constantin Métaxas de Céphalonie, Mercati et George Vitalis de Zante. Le comte Mercati et le comte Vitalis étaient deux vétérans des armées françaises. Le comte André Métaxas, informé qu’un gentleman anglais nommé Gordon et plusieurs de ses compatriotes se disposaient à combattre dans les rangs des Hellènes, ne crut pas commettre un crime en suivant l’exemple de sujets « loyaux » de sa


    de Zante, forcés très durement par le gouvernement lui-même d’ériger ce monument, l’auraient détruit depuis longtemps, s’il n’eût été gardé tout exprès par un poste de militaires anglais.