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majesté britannique. Accompagné de son frère Constantin et de trois ou quatre cents hommes, il débarqua dans le golfe de Cyllène. Maitland ayant confisqué ses biens et prononcé son bannissement, il n’en montra que plus d’ardeur à servir la cause de la Grèce. Tandis que l’intrépide Colocotronis assiégeait les Chkipetars (Albanais mahométans) de Lâla, ville du mont Pholoé, le comte Métaxas se joignit à lui avec trois cent cinquante Céphallènes. Bientôt plus de quinze cents bannis de Zante, de Théaki et des autres Iles-Ioniennes vinrent combattre sous ses drapeaux. Ils furent suivis d’une multitude d’Ioniens avides de se venger des mauvais traitemens que les Lâliotes faisaient depuis longtemps subir à leurs caboteurs. Obligés d’abandonner leur ville, les Lâliotes emportèrent dans leur retraite des sacs remplis de têtes et d’oreilles. À peine arrivés à Patras, ils empalèrent sous les fenêtres du consul anglais trente paysans zantiotes qu’ils avaient pris, et dont le supplice causa une vive irritation dans l’heptarchie.

La conduite énergique du comte André Métaxas au siège de Lâla lui mérita la confiance et l’estime des Hellènes. Il devint ministre du gouvernement provisoire, et lors de la convocation du congrès de Vérone, il y fut envoyé avec Germanos, métropolitain de Patras, et George Mavromichalis. La lettre qu’il écrivit d’Ancône le 15 janvier 1823 prouve que les membres du congrès partageaient l’opinion du gouvernement anglais sur le caractère de l’insurrection grecque. Les envoyés ne purent même dépasser Ancône, où la police pontificale reçut ordre de les retenir. Les insurrections qui, en 1821, avaient éclaté en Roumanie, en Grèce, en Piémont et à Naples avaient tellement effrayé les gouvernemens européens, qu’on ne vit dans le comte André Métaxas et ses compagnons que des affiliés à la puissante société des carbonari. La diplomatie avait plus de souci de comprimer l’Espagne, justement révoltée contre la déplorable administration de Ferdinand VII, que d’encourager les Hellènes dans une insurrection dont les conséquences lui semblaient de nature à compromettre l’équilibre européen. Lorsque Maitland mourut (17 janvier 1824), il pouvait donc croire que sa politique était sanctionnée par l’Europe conservatrice. Il avait du moins la certitude qu’elle avait l’approbation complète du ministère anglais. « L’opinion, milord, écrivait le célèbre jurisconsulte Thomas Erskine au comte de Liverpool, a déjà prononcé son verdict dans la cause des Grecs et des Turcs par la censure publique dont sir Thomas Maitland a, pendant quelque temps, soutenu le choc, comme notre représentant dans cette partie du globe; mais je ne chercherai pas de meilleure preuve des actes et des désirs du gouvernement que ce qu’a fait sir Thomas Maitland : je suis intimement persuadé qu’il ne s’est jamais départi de ses instructions ni conséquemment de son devoir. Je l’ai connu