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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 16.djvu/419

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presque tous les magistrats nécessite également son approbation. L’assemblée législative, composée de quarante membres, est envoyée à Corfou par le corps électoral des Sept-Iles.

Le grand conseil de justice, cour d’appel qui prend rang après le sénat, ne peut être compté sans restriction parmi les autorités indigènes. En effet, la moitié des juges sont Anglais et choisis par la reine. Aujourd’hui les arrêts des tribunaux et les autres actes officiels peuvent être publiés en grec et en anglais. Dans le principe, les hauts-commissaires ne reconnaissaient comme langues officielles que l’anglais et l’italien.

Dans un pays éminemment religieux, les chefs du clergé jouissent nécessairement d’une influence considérable. La hiérarchie sacerdotale a maintenant une organisation plus conforme aux principes de l’église grecque qu’au temps de Venise. Corfou, Céphalonie, Zante, Santa-Maura et Cérigo ont des archevêques élus par les prêtres et confirmés par le patriarche de Constantinople[1]. Un de ces dignitaires devient à son tour exarque (ἔξαρχος). Cette dignité, qui n’existe plus en Occident, est fort ancienne. Il en est fait mention au concile de Sardique (347), qui explique que par exarque il faut entendre un métropolitain, (ἐπίσκοπος τῆς μητροπόλεως) ; mais ce sens primitif s’étendit avec le temps : il est positif qu’au Ve siècle il existait une charge ecclésiastique, celle d’exarque, supérieure à celle des métropolitains. Lorsque le concile de Chalcédoine institua cinq patriarcats égaux, Jérusalem, Théopolis (Antioche), Alexandrie, Rome et Constantinople, les exarques leur furent subordonnés. L’exarque de l’heptarchie ionienne dépend du patriarche de Constantinople. À chaque renouvellement ou à chaque dissolution du parlement, il est remplacé par un de ses collègues. Son tribunal est un tribunal d’appel auquel peuvent s’adresser tous ceux qui voudraient faire casser une sentence d’un des archevêques ioniens. Il a donc une autorité à peu près semblable à celle du saint synode de l’église hellénique ou du métropolitain de Valachie[2]. Quant aux questions de dogme, elles ne peuvent occuper les prélats ioniens, les Orientaux n’admettant pas comme les catholiques que le dogme puisse « se développer, » c’est-à-dire changer.

Si de l’organisation politique et religieuse on veut passer aux questions administratives et économiques, on est forcé de constater de notables différences entre les diverses îles de l’heptarchie. Corfou, la plus septentrionale des Iles-Ioniennes, est située à l’entrée du golfe Adriatique. Elle fait face, du côté de l’est, à la province

  1. Quoique les évêques soient élus depuis 1833, le droit de veto n’a pas toujours laissé aux Ioniens toute la liberté de leur choix.
  2. Qui prend le titre de « métropolitain de la Hongro-Valachie. »