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à détruire la force locale que Méhémet-Ali avait constituée en Égypte, et qu’il faisait rayonner avec une vigueur partout obéie en Syrie et en Arabie. Si l’Arabie n’eût point été enlevée à Méhémet-Ali en 1840, il est probable que le crime de Djeddah n’eût point été commis. La Turquie parviendra-t-elle jamais à se faire obéir et à maintenir l’ordre dans ces pays qu’elle a si maladroitement enlevés à l’administration égyptienne ? — Il est difficile de le croire. En attendant, le sultan et les hommes éclairés qui l’entourent sont les premiers intéressés à fournir les garanties de sécurité que l’Europe chrétienne doit exiger d’eux. Il s’agit pour eux de prendre des résolutions finales, il s’agit de savoir s’ils peuvent réaliser dans tout l’empire les réformes qu’ils nous ont promises, et si, comme sanction de l’accomplissement de ces réformes, ils sont en mesure de créer dans l’empire une administration vigilante et consciencieuse. S’ils sont au-dessous de la tache que la civilisation et l’humanité leur imposent, il faudra que d’autres la prennent en mains ; l’heure de la dissolution de l’empire turc ne pourra plus être éloignée, ces éventualités orientales que l’Europe s’applique avec tant de prudence et par tant d’efforts à refouler dans l’avenir éclateront sur le présent. On voit si, en face de telles perspectives, il importe à la France et à l’Angleterre de rester unies.

Dans notre vieille Europe, où les intérêts les plus divergens acceptent presque toujours, grâce à Dieu, les compromis qui leur sont dictés parle bon sens, l’accord de la France et de l’Angleterre vient à bout de bien des difficultés qui, laissées à elles-mêmes, mettraient en péril le repos général. C’est ainsi que les conseils des gouvernemens français et anglais, auxquels s’est joint en cette circonstance le cabinet russe., ont déterminé le Danemark à cesser la longue et noble résistance qu’il avait faite à l’opinion allemande. — Le Danemark, consent à suspendre la constitution commune de la monarchie danoise dans les duchés de Holstein et de Lauenbourg. Les concessions du Danemark, accordées sur les conseils de la France et des autres grands états, ne compromettent point la dignité de ce petit royaume. Nous comprenons que la violence chicanière que l’Allemagne est accoutumée à porter dans tous les débats qui intéressent la confédération ait pu blesser les justes susceptibilités de l’opinion danoise ; mais ce n’est point à cette violence, qui sied si peu aux forts, que cède aujourd’hui le Danemark : il cède aux conseils d’amis puissans et dévoués qui, comme la France, ont pu apprécier depuis des siècles la valeur de sa fidèle alliance, et qui ne l’eussent jamais abandonné dans une cause où ses droits et son honneur eussent été sérieusement engagés. Nous voudrions pouvoir annoncer également la conclusion des travaux de la conférence relativement aux principautés danubiennes ; mais nous craignons que l’œuvre de la conférence ne soit moins avancée que ne l’ont cru les journaux étrangers. Sans doute les dispositions des diverses puissances les inclinent à résoudre par une transaction cette délicate réorganisation des provinces roumaines. La nationalité roumaine obtiendra enfin de précieuses garanties. L’unité aura, nous l’espérons, sa représentation au-dessus des assemblées locales qui maintiendront la distinction des provinces. La conférence s’occupe de formuler son œuvre dans une constitution dont la rédaction aurait été confiée à M. le ministre