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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/114

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secours pris sur les fonds des comtés. Cette disposition, également facultative à l’égard de la magistrature et des fondateurs (car ils ne sont pas obligés de recevoir tous les enfans qu’on leur envoie), a été adoptée par les deux chambres. Un bill a été aussi voté, sur la proposition de M. Adderley, représentant du Staffordshire, qui oblige la police à mettre en état d’arrestation tout enfant non condamné, mais mendiant ou vagabond, et autorise le magistrat à contraindre la famille, s’il y a lieu, au paiement de 2 ou 3 shillings par semaine pour l’entretien de l’enfant dans une école industrielle. Cette maison devra loger les jeunes délinquans amenés à sa porte, mais il sera facultatif aux directeurs de l’établissement de laisser coucher dans la demeure paternelle ceux pour lesquels ils jugeront l’influence de la famille sans danger. Ce dernier bill garantit la société contre le calcul qui pourrait porter les familles pauvres à délaisser leurs enfans pour les faire élever aux frais des associations charitables. Il faut d’ailleurs remarquer qu’en Angleterre l’assistance légale n’a pas, au même degré qu’en France, l’inconvénient d’encourager le vagabondage et le paupérisme. Depuis la fondation de Mettray et des pénitenciers auxquels cet admirable établissement a servi de modèle, le nombre des délits de l’enfance semble suivre une progression ascendante. En Angleterre au contraire, il a considérablement diminué depuis que des écoles industrielles et des reformatories ont été établies dans tous les comtés. Les causes de la misère sont d’ailleurs si multiples dans l’état social de la Grande-Bretagne, qu’on conçoit parfaitement que cet élan de la conscience publique ne soit pas arrêté par la crainte de favoriser la négligence des parens pauvres.

Les attaques toutefois ne manquent pas aux reformatories. On leur reproche, comme en France, d’encourager le vagabondage et d’énerver la moralité du peuple. On voudrait, en conséquence, reporter tous les efforts des associations charitables sur les mesures préventives, et abandonner les jeunes coupables à la rigueur salutaire des lois; mais ceux qui font ces objections oublient qu’au nombre des moyens de prévenir le crime il faut évidemment compter les institutions qui préservent les enfans honnêtes de tout rapprochement contagieux. Quant à l’accusation d’encourager les méfaits de l’enfance, les chiffres y répondent victorieusement. Nous avons déjà dit la diminution du nombre des enfans condamnés à Aberdeen. On pourrait signaler beaucoup d’autres résultats semblables. Pour n’en citer que deux, à Cheltenham, dans le Glocestershire, pendant trois mois, de juillet à septembre 1856, il y eut dix-huit condamnations : dans les trois mois suivans, il n’y en eut que six; pendant le premier trimestre de 1857, il y en eut trois; dans le trimestre suivant, cinq, et de juillet à septembre, il n’y en eut pas une seule.