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L’école réformatoire de la même ville a 49 élèves, et dans tout le comté aujourd’hui il n’est pas un seul enfant prévenu de vol. Celle du comté de Norfolk fut ouverte dans l’été de 1855. Pendant les six mois d’hiver 1855-1856, 69 enfans furent traduits à la barre des magistrats de Norwich. Dans les mois correspondans de 1856-1857, il n’y en eut que 34, et depuis lors le chef de la police a déclaré que sa surveillance, à l’égard des jeunes malfaiteurs, devenait une sinécure.

La promulgation du bill des écoles réformatoires prouve d’ailleurs que leur cause est gagnée, car en Angleterre le parlement n’est guère que l’interprète et l’instrument de la majorité du pays. Ce n’est pas, à vrai dire, le parlement qui fait les affaires de la Grande-Bretagne, c’est l’opinion publique, c’est la nation elle-même qui agite pendant longtemps les questions économiques dans ses fréquens meetings et par ses mille organes quotidiens. Le gouvernement et les chambres ne songent à discuter et à édicter une loi que lorsqu’après de longs débats elle a été déjà décrétée par le plus grand nombre. Les lois anglaises sont l’œuvre d’un peuple qui se gouverne lui-même et qui est porté par ses aptitudes et ses goûts à examiner chaque jour toutes les affaires, celles de la paroisse comme celles du comté, du royaume et du monde entier. Voilà la grande différence qui existe entre les Anglais et nous; voilà en outre, à moins que l’équilibre des pouvoirs ne vienne aussi à se trouver rompu, l’une des principales causes qui assurent chez eux la durée des institutions que la France n’a pu encore réussir à s’approprier.

Pendant que le parlement régularisait la condition des établissemens destinés aux enfans des classes dangereuses, la conférence d’éducation, société composée d’hommes distingués de tous les comtés, se réunissait à Londres et délibérait sur les moyens de retenir plus longtemps aux cours des écoles les jeunes élèves, qui les quittent ordinairement quand ils ont atteint l’âge de dix ans. Elle a cru trouver l’appât le plus puissant dans des distributions de prix en argent et en ustensiles, et surtout dans une éducation professionnelle et des leçons d’agriculture pratique. Ce nouvel enseignement, déjà en vigueur dans plusieurs paroisses, est évidemment le but où tendent aujourd’hui toutes les écoles primaires de la Grande-Bretagne, et il n’est pas douteux qu’elles ne l’atteignent malgré toutes les difficultés qui proviennent pour cette tentative, comme pour beaucoup d’autres, d’une centralisation imparfaite.

Un principe fécond est donc consacré par la loi anglaise et appliqué dans toutes les villes du royaume-uni. La société adopte l’enfant que le malheur laisse sans éducation et sans ressources. La civilisation répare les maux qu’elle entraîne à sa suite ou que lui