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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/137

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Par exemple, rien n’importe plus aux prisonniers que de savoir comment ils pourront gagner leur vie et quelles ressources l’émigration pourra leur offrir. Le lecteur est donc sûr de les intéresser vivement par des détails sur le climat, le travail, les salaires des diverses colonies vers lesquelles ils pourront se diriger. Il ne manque pas surtout de les prémunir contre les tentations et les dangers auxquels les émigrans sont partout exposés, et contre le ridicule espoir de trouver un point du globe où l’on puisse pourvoir honorablement aux besoins de l’existence sans travailler et sans maîtriser ses passions.

On a divisé en classes les prisonniers de Spike-Island et de Philipstown. En entrant dans cette seconde période du premier stage, ils appartiennent à la troisième classe, et peuvent entrer dans la suivante après des intervalles de temps gradués comme il suit : — si leur conduite à Montjoy a été exemplaire, ils passent à la seconde classe au bout de deux mois; si elle a été très bonne, au bout de trois mois; si elle a été bonne, au bout de quatre mois; si elle a été passable, au bout de six mois. Le minimum du temps nécessaire pour l’admission dans la première classe est de six mois; le maximum est indéterminé et dépend de la nature et du nombre des infractions à la discipline.

Deuxième stage. — dans la première classe du premier stage, une conduite irréprochable pendant un an, reconnue telle d’après les rapports quotidiens, élève le prisonnier au stage intermédiaire et le transfère à Lusk, à Smith-Field, ou à Camden-Carlisle, selon son aptitude aux travaux de ces établissemens. Là, rapproché nuit et jour de ses compagnons, il occupe une position transitoire entre la captivité et la liberté, habitant un lieu de résidence forcée plutôt que d’emprisonnement, employé à des travaux de diverse nature sans pouvoir se soustraire à une rigoureuse surveillance. On lui confie des commissions au dehors, et on lui trouve même de l’emploi loin de la prison, où il ne rentre que le soir. S’il résiste à toutes les tentations qui peuvent l’assaillir dans ce premier usage de la liberté, il est chargé des emplettes et du paiement des mémoires de la maison. Ces épreuves successives, qui constituent la partie essentielle de la réforme du régime pénitentiaire, n’ont pas encore donné lieu à un seul acte d’improbité. Dans ce stage, où il n’existe point de classification, mais d’où l’on est exclu pour la moindre faute, pour le plus léger indice de paresse, commence l’apprentissage pratique de la tempérance et de l’économie. Dans la seconde période du premier stage, le prisonnier gagne par son travail quelques petits salaires dont il est crédité, et on lui donne un livret qui établit, mois par mois, le montant de ce capital. On lui en remet la somme entre