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sur le fond des choses, polis envers les personnes, indulgens même pour les plus compromis des adversaires de nos doctrines, car l’indulgence est facile à ceux qui n’ont point à la solliciter pour eux-mêmes, ne voulant pas aller, dans le geste de la désapprobation, au-delà du haussement d’épaules ou du sourire, nous demandons simplement la permission de croire que nous ne parlons point dans une chambre de malade. Il paraît que cette licence est trop forte au gré de certaines personnes. C’est l’opinion d’un journal, entre autres, qui commet à notre égard un quiproquo dont nous ririons volontiers, s’il ne cherchait point à nous mettre à tort et contre notre volonté en querelle avec M. Le ministre de l’instruction publique. Nous nous étions plaints, à propos des dernières distributions des prix, du penchant qu’ont quelques-uns des personnages qui président à ces fêtes universitaires à mêler à leurs discours des allusions politiques. Nous avions notamment en vue certaine sortie contre les partis et leurs épigrammes qui, devant un auditoire d’écoliers, ne nous paraissait guère à sa place. Là-dessus le charitable et zélé journal en question nous accuse d’attaquer M. Le ministre de l’instruction publique ; il nous reproche de parler du discours de son excellence sans l’avoir lu et le refait en deux colonnes pour notre édification; enfin, pour nous châtier dignement, il nous appelle fiers Sicambres, oubliant par une étrange préoccupation que le fier Sicambre est un homme qui brûle ce qu’il a adoré et adore ce qu’il a brûlé, ce qui ne nous permet point d’accepter l’aménité pour nous. Voilà un beau bruit! Il n’y a qu’un malheur, c’est que le discours auquel nous faisions allusion n’est point celui de M. Le ministre de l’instruction publique. Notre accusateur a fait du zèle en pure perte et a lancé un pavé pour écraser une mouche. De qui donc avons-nous parlé? nous demandera-t-il peut-être. Nous ne le lui dirons pas. Avant de reprocher aux autres de parler de ce qu’ils n’ont point lu, qu’il commence une autre fois par lire lui-même ce dont ils ont parlé. Mais laissons là ces misères.

La convention qui règle la nouvelle organisation des principautés a bien les caractères que nous avions indiqués il y a un mois. Ce n’est pas encore l’union des provinces danubiennes, mais c’est un acheminement vers l’union, si les provinces savent se servir des institutions qui leur ont été données et des occasions que les événemens pourront leur présenter pour atteindre à ce but désiré. En ce moment, la première question pratique pour les provinces roumaines est la question électorale, qui devra probablement être résolue avant peu de mois. C’est encore une période transitoire à passer. La conférence a pourvu au gouvernement pendant cette période en décidant qu’une camaïcanie provisoire, composée de trois membres, en serait chargée jusqu’à l’élection des nouveaux hospodars à vie, et c’est la porte qui a été chargée de nommer ces administrateurs temporaires. Les choix de la Porte ne paraissent pas présenter. toutes les garanties d’impartialité qu’exige la lutte électorale qui va s’ouvrir. En Valachie, par exemple, les caïmacans provisoires sont pris dans l’ancien ministère du prince Stirbey, lequel est candidat à l’hospodarat, et encore le candidat favori de l’Autriche. Si l’on se rappelle l’influence que les caïmacans ont pu exercer sur les élections des divans "ad doc", la composition de la caïmacanie valaque ne paraît guère rassurante. C’est aux Valaques indépendans et patriotes de résister à des in-