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et voilà pourquoi je vous emmène dans mon traîneau. Tenez, je vous donne une heure pour vous préparer, et je reviens vous prendre ici. C’est convenu ?

— Je n’en sais rien, répondit Christian, payant d’audace ; je suis très amoureux de votre nièce, je vous en avertis !

— Eh bien ! tant mieux si cela dure ! reprit la comtesse. Quand vous aurez passé quelques années en Russie et que vous vous y serez fait donner beaucoup de roubles et de paysans, je ne dirai pas non, si vous persistez.

Et la comtesse se retira, persuadée que Christian serait exact au rendez-vous.

Elle n’eut pas plus tôt disparu que Mlle Potin, qui la guettait, se glissa près de Christian pour lui faire une sévère remontrance. Elle avait été fort inquiète de Marguerite et l’avait cherchée partout. — Heureusement, ajouta la gouvernante, elle vient de rentrer avec son amie Martina, dont la mère ne s’inquiétait pas, la croyant attardée dans notre appartement ; mais il m’en coûte de mentir si souvent pour couvrir les imprudences de Marguerite, et je vous déclare que je vais tout révéler à la comtesse, si vous ne me donnez votre parole d’honneur de quitter le château et le pays à l’instant même.

Christian rassura la bonne Potin en lui disant que c’était convenu, et, bien résolu à ne rien faire de ce qu’elle souhaitait, il attendit les événemens.

À une heure du matin, la troupe arriva sans bruit, et avis en fut donné au major, qui déclara les recherches terminées ; elles n’avaient eu aucun résultat, à la grande satisfaction de la plupart des héritiers, qui aimaient mieux s’en remettre à leurs droits qu’à la bienveillance fort douteuse du défunt.

— Maintenant, messieurs, dit le major, je vous prie de me suivre au Stollborg, où j’ai quelque raison de croire qu’un testament a été confié à M. Stenson.

Et comme tous s’élançaient vers la porte de l’appartement : — Permettez, leur dit-il ; une grave responsabilité pèse ici sur M. le ministre, sur M. Goefle et sur moi. Je dois procéder très scrupuleusement et très officiellement, rassembler le plus grand nombre possible de témoins sérieux, et ne pas permettre que les choses se passent sans ordre et sans surveillance. Veuillez vous rendre avec moi dans la galerie des chasses, où les autres témoins doivent être rassemblés.

En effet, conformément aux ordres donnés par le major, tous les hôtes du château neuf avaient été priés de se rendre dans la galerie, au grand dépit de quelques-uns, qui avaient déjà le pied levé pour partir ; mais l’indelta parlait au nom de la loi, on s’y rendit.

La comtesse d’Elvéda, pressée d’en finir et toujours fort active, y