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la quantité que par la qualité, et les fruits donnent un excellent fourrage pour les bestiaux. Ce sont autant d’admirables conditions pour faire passer d’une vie indolente et vagabonde à la vie agricole des populations que rebuteraient de plus grandes fatigues de travail ou une plus longue durée de soins. Aussi les Trarzas, comprenant bien que toute concurrence faite à la gomme, en sapant leur monopole, amoindrissait leur puissance, ne manquaient-ils pas une occasion de dévaster les cultures d’arachides. Leur hostilité en a retardé l’essor autant que l’insouciance naturelle des noirs. La province française du Oualo la néglige presque entièrement, bien que des graines aient été distribuées aux habitans. La plus grande partie des exportations de Saint-Louis vient du Cayor, le reste descend du Fouta, et l’ensemble ne constitue qu’une assez modeste portion des approvisionnemens de la France. En 1856, sur 36 millions de kilogrammes d’arachides importées, la part du Sénégal, en réunissant Saint-Louis et Gorée, n’est pas de 8 millions et demi ; celle de Saint-Louis seul est de 3 millions et demi ; le reste provient des possessions anglaises de la Gambie : simple rapprochement qui accuse d’autant plus le Sénégal que Marseille est le principal débouché de cette graine. L’huile que la graine contient, dans une proportion de 30 à 33 pour 100, trouve son emploi dans la savonnerie, le graissage des laines, l’éclairage ; elle sert même comme huile comestible, pure ou mélangée à l’huile d’olive. Les tourteaux sont recherchés par les agriculteurs du midi de la France.

L’avenir de la Sénégambie est dans les plantes oléagineuses plutôt que dans la gomme. Tout en enrichissant les habitans, elles les accoutument à un travail régulier, les fixent au sol, et les initient à la propriété et à la culture. Le commerce local, la navigation, l’industrie de la métropole, y trouvent un aliment aussi important pour le débouché que pour la production. Aussi convient-il de s’occuper de toutes les plantes qui annoncent des propriétés analogues. De ce nombre est le béraff, que des succès récens signalent comme une rivale de l’arachide. C’est la graine de deux variétés de melons d’eau ou pastèques d’une culture facile en toute espèce de terrains et très communes au Sénégal, graine moins encombrante que l’arachide et donnant, assure-t-on, une huile meilleure. La production locale du béraff, qui en 1855 débutait par 3 tonneaux, en a compté 200 en 1857, et dans le premier trimestre de 1858 il en est arrivé à Saint-Louis 400 tonneaux provenant des diverses zones qui entourent la ville.

Après la gomme et l’arachide, tous les autres articles sont secondaires, car ces deux substances forment les 83 centièmes de l’exportation, l’arachide comptant pour 62, et la gomme pour 21. On ne peut que citer les cuirs et autres dépouilles des bestiaux qui paissent