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DU
RÉGIME COMMERCIAL
DE L’ALGÉRIE



De récentes mesures attestent, de la part du pouvoir, la volonté de pousser l’œuvre de la colonisation algérienne. Des changemens importans viennent d’être introduits dans le régime administratif de notre possession d’Afrique, changemens d’hommes et de système. La conquête achevée, on veut sans doute ramener dans ses justes limites l’action militaire, qui jusqu’à ce jour était demeurée prépondérante, et attribuer à l’élément civil une plus large part. Les soldats doivent peu à peu faire place aux colons. C’est une grande œuvre assurément ; elle soulève des questions de principe et d’opportunité dont l’examen est très complexe, et la solution très difficile. Les nouveaux rouages sont à peine en mouvement ; il convient d’attendre au moins quelque temps avant de les juger : toute appréciation serait aujourd’hui périlleuse et même puérile. Malgré les nombreux écrits qui depuis vingt-huit ans ont été publiés sur l’Algérie, nous ne sommes pas encore, il faut l’avouer, complètement éclairés sur la situation intérieure de ce pays. Nous savons les noms des champs de bataille où se sont illustrées plusieurs générations de notre armée, mais nous ne connaissons qu’imparfaitement la constitution politique, la condition économique et sociale des peuples que nous avons vaincus et que nous sommes appelés à gouverner. Ces notions sont indispensables, si l’on veut étudier sérieusement la colonisation algérienne. Il est un point toutefois sur lequel nous possédons dès à présent des élémens assez nombreux et assez certains pour exprimer une opinion réfléchie ; nous voulons parler de la législation commerciale qu’il convient d’appliquer aux rapports de l’Algérie soit avec la France, soit avec l’étranger.